@Enquetemedia essaie à travers ces écrits de retracer un pan du côté touristique de la ville béninoise de OUIDAH, à travers le parcours de la route de l’esclave (qui sera publié en trois parties), chargée de symboles ayant trait à l’histoire de l’Afrique.
Ce parcours passe par :
LA PLACE D’ENTREE SACREE DE OUIDAH
Dès que vous arrivez à OUIDAH ville à environ 45 minutes de route de Cotonou la capitale du Bénin, il y’a une remarque. A l’entrée, il y’a un monument qui indique « Site historique de OUIDAH ». C’est le symbole de la ville et de qu’elle abrite, un rappel de sa symbolique historique, en somme. Il y’avait en effet un roi qu’on appelait Kpassè qui n’est pas mort, il s’est métamorphosé en un arbre qu’on appelle ‘’LOKO’’ qui était à la place de ce monument. Le roi a été transformé en arbre. Il y’ a aussi une calebasse sacrée et tous ceux qui viennent à cet endroit sont bénis, aux dires des habitants de OUIDAH. Ce monument a été construit avec toutes les bénédictions relatives au python. La preuve, un symbole a été éridé à cet espace en honneur à cet animal sacré. C’est l’ethnie OUEDAH qui a créé OUIDAH. OU c’est la mer et OUEH, la maison. Les OUEDAH et les KOUEDAH sont le même peuple. Les OUIDAH sont ceux qui sont du côté de la mer et les KOUEDAH qui sont du côté de la terre.
LA PLACE AUX ENCHERES
Après l’entrée de la ville à un peu plus de 200 mètres en contournant la voie principale, vous vous retrouvez à un espace qui frappe par son aspect pittoresque. C’est la place aux enchères en face de laquelle trône une maison peinte en jaune orangé. C’était t la demeure de DE SOUZA. En 1700 les esclavagistes avaient un représentant qu’on appelait Francisco DE SOUZA. Il avait une grande influence et s’est fait ami à beaucoup de rois surtout ceux d’ABOMEY qui était l’un des royaumes les plus puissants d’Afrique de l’Ouest. Il est spécialement ami au roi GUEZO qu’il a lui-même aidé à accéder au trône. Il s’est enrichi à partir de la traite et avait beaucoup d’influences. La demeure qu’il a construite à son arrivée à OUIDAH est peinte en orange et jouxte ‘’la place aux enchères’’. ‘’CHACHA’’ c’est le surnom de DE SOUZA. On l’appelle ‘’SINGOMIN’’ puisque c’est le seul étage de l’époque à OUIDAH. DE SOUZA est une famille riche qui a rénové la maison et l’architecture est restée telle quelle. C’est lui qui faisait venir les esclaves et quand la demande est devenue forte il y’a eu des alliances avec d’autres royaumes pour convoyer les esclaves dont certains mêmes venaient du Nigéria. La porte de OUIDAH était la seule qui servait le DAHOMEY et le Nigéria. Ce n’est qu’après qu’a été construite la porte de BADAKRI, au Nigéria. A SAVALOU ville du Bénin,il y’a une case où on mettait les esclaves qui venaient d’autres contrées avant de les envoyer à ABOMEY et ensuite à OUIDAH. Les esclaves marchaient et faisaient plus de 120 kilomètres qui est la distance entre OUIDAH et ABOMEY puisqu’il n’y avait pas de moyens de transport. C’était les plus résistants qui arrivaient quand les autres mouraient en route. Ceux qui arrivaient dans le royaume SAKE ou SAVI d’où OUIDAH maintenant arrivaient d’abord à SAVI la capitale, d’où on les convoyait devant la maison de DE SOUZA. En tant que représentant qui avait tous les privilèges, les enchères se faisaient devant sa maison. C’était donc la place aux enchères ou le marché des esclaves.
LE FIGUIER BLANC DE 400 ANS, SYMBOLE DE LA TRAITE
C’est sous l’arbre situé à la « place aux enchères »qui a plus de 400 ans que les esclaves restaient et les Européens venaient les chercher. La sélection se faisait de manière progressive entre les esclaves des différents lieux de convoyage jusqu’à l’expédition en Europe. Les plus costauds et dodus étaient les préférés. Après la sélection, se faisaient les échanges. Pour une pipe on avait jusqu’à 5 esclaves. L’échange était contre des pacotilles : pipes, miroirs, whisky… Pour un canon on avait entre 14 esclaves hommes et 21 esclaves femmes. Après on marquait les esclaves au fer chaud. Parce que les négriers portugais avaient un seul navire de même que les Français et les Anglais, les Hollandais et les Danois qui avaient chacun un seul fort. Et après on les convoyait dans les forts selon le propriétaire des esclaves. Dans le temps un seul voyage faisait trois mois donc il faille qu’ils y attendent l’arrivée du bateau sous la pluie et le soleil. Dans l’architecture des forts il y’avait de grands trous tout autour et de l’eau où il y’avait des crocodiles. Quand vous tombez malades ou mourez, vous devenez de la nourriture pour ces reptiles. Quand le bateau arrive on vérifie le poids et la forme des esclaves et on sélectionne des femmes aussi qui serviront dans la maison des négriers. Ce qui explique que ces derniers ont fait des enfants avec ces esclaves. Après ce contrôle on les enchaine, les aligne et ils prennent la route de l’esclave jusqu’à la plage. C’est la route de l’esclave actuelle de OUIDAH sinon la vraie route c’est depuis ABOMEY avec toutes les étapes. On la symbolise par ce parcours de trois kilomètres.
18000 ESCLAVES DEPORTES CHAQUE ANNEE
18000 esclaves partaient chaque année. Il y’avait quatre voyages dans l’année et 1/3 des esclaves mourait soit 6000. Aujourd’hui quand vous entendez des noms comme DE SOUZA, DA COSTA, ce sont des noms de négriers qui étaient au Bénin pour le commerce des esclaves. Ils y ont encore des maisons.
Cette maison est celle des descendants de FRANCISCO DE SOUZA d’ici et d’ailleurs (Bénin, Togo…). D’autres esclavagistes comme des Français et d’autres nationalités, y ont des descendants. Cet arbre à la place des enchères et devant la maison de DE SOUZA inspire des ressentiments pour les Béninois. Les négriers donnaient leurs noms à leurs esclaves et ce sont ceux-là qui sont revenus, les descendants des esclaves, et non les esclaves eux-mêmes, qui sont revenus. Il y’a des esclaves ici qui ont pris le nom de leurs maîtres. L’esclave est comme un bien et appartient donc à son maître dont il porte le nom avant de quitter OUIDAH. Une fois arrivé au pays où on l’emmène il porte le nom du nouveau maître, donc son nom disparaît. Il y’a l’esclavage moderne et il y’a l’esclavage traditionnel. Certaines ethnies au Bénin ont été esclaves d’autres.
LES VESTIGES DE L’ESCLAVAGE
Au départ par rapport au sentiment d’esclavage, ce n’était pas facile et les descendants de DE SOUZA sont considérés comme des Béninois. Madame DE SOUZA la première Dame du Bénin, en est une descendante.
Au Portugal on a des blancs de même qu’au Brésil et même au Bénin et au Togo il y’a des DE SOUZA. Il y’a peut-être le sentiment de frustration dans les sentiments et les comportements. L’esclavage a causé beaucoup de frustrations et même l’esclavage traditionnel. Les Fons par exemple ne s’entendent pas avec les Kouéda et certaines ethnies refusent le mariage avec d’autres. Ce sont des séquelles qui persistent. Les DE SOUZA se sont enrichis à partir de l’esclavage et leurs familles ont gardé ce prestige. Ils avaient accaparé des terres des autochtones et ils ont jusqu’à aujourd’hui des terres assez étendues bien qu’ils ne soient pas des autochtones historiquement parlant. Au plan local onne peut leur en vouloir, ils sont considérés comme des Béninois. Le sentiment de culpabilité serait toutefois naturel chez ces personnes qui au vu du passé et ils devraient faire amende honorable. L’Etat béninois a modernisé la place aux enchères et entend désormais valoriser le patrimoine culturel local qui profite à la mairie comme le temple des pythons et la forêt sacrée.
(Samedi prochain pour la suite)
LA REDACTION