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ENQUÊTE « Congo hold-up » : le megayacht et la société fantôme de Joseph Kabila

Une mystérieuse société portuaire, propriété personnelle de l’ancien président de la RDC, Joseph Kabila, a reçu 3,3 millions de dollars de fonds publics congolais. Cette société a auparavant financé un yacht de luxe avec des fonds issus de la Banque centrale.

Officiellement, l’Enigma XK, somptueux yacht de 73 mètres amarré dans le port sud-africain de Cape Town, n’a rien à voir avec Joseph Kabila. Pour l’ancien président (2001-2019) de la République démocratique du Congo (RDC), l’un des pays les plus pauvres du monde, posséder un navire à plus de 25 millions d’euros aurait, il est vrai, quelque chose d’indécent.

Il faut débourser 290 000 euros pour s’offrir une semaine à bord de ce palace flottant, doté d’un salon à colonnades, d’un héliport, d’un sauna et d’un jacuzzi. Le pont est suffisamment grand pour y loger une Jeep et des jet-skis.

Le navire, conçu pour les mers froides, peut même voguer jusqu’en Antarctique : c’est un ancien patrouilleur de la marine écossaise, transformé en superyacht après trois ans de travaux à La Rochelle, par l’entreprise française Atlantic Refit Center. Un chantier couronné en 2014 par le prix de la meilleure rénovation mondiale de l’année, décerné par le magazine Boat International.

Comme l’avaient révélé Le Monde et l’ONG PPLAAF en 2017, l’homme d’affaires belgo-congolais Alain Wan et son ami d’enfance belge Marc Piedbœuf revendiquent la propriété du navire. Ce duo dirige, à travers une myriade de sociétés souvent offshore, un puissant conglomérat en RDC (mines, travaux publics, alimentaire, ports et transport maritime), en symbiose avec Joseph Kabila et son premier cercle.

Pourquoi ces très proches de l’ancien président de la RDC ont-ils englouti des millions pour s’offrir un yacht aussi luxueux, que les ouvriers de La Rochelle surnommaient « le yacht du président » ? Était-ce pour le compte de Joseph Kabila ? Les deux hommes avaient formellement démenti auprès du Monde, affirmant que « le président [Kabila] n’[avait] aucun lien avec le bateau ».

L’Enigma XK appartient à la société MW Afritec SA, une société boîte aux lettres immatriculée aux îles Marshall, paradis fiscal particulièrement opaque. On ignore qui sont ses actionnaires.

La société est gérée par André Wan (le fils d’Alain), et son nom est presque identique à celui de MW Afritec SPRL, l’entreprise congolaise de travaux publics d’Alain Wan et Marc Piedbœuf. « Les fonds de la réalisation du navire viennent de Mme Virginie Mambimbi [la mère d’Alain Wan – ndlr], de Marc Piedbœuf et des dividendes d’Afritec pendant ses heures de gloire », avaient-ils indiqué en 2017.

Les documents « Congo hold-up », obtenus par Mediapart et PPLAAF et analysés sous la coordination de l’EIC, dévoilent la face cachée de cette opération : en 2013, la rénovation de l’Enigma XK a été en partie financée par des fonds détournés des caisses de l’État de la RDC, à hauteur d’au moins 794 000 dollars.

Cet argent a transité par une mystérieuse société congolaise nommée Port de Fisher, dont Joseph Kabila est devenu l’actionnaire majoritaire deux ans plus tard.

Notre enquête révèle aussi que, depuis son rachat par le président Kabila, Port de Fisher a reçu 3,3 millions de dollars d’argent public supplémentaire, fourni par la Banque centrale du Congo, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et l’Assemblée nationale.

À cela s’ajoutent 5 millions de dollars déposés en liquide et un étrange virement de 20 millions de dollars d’origine inconnue, qui a transité par le compte de la BGFI à la Banque centrale.
Notre enquête montre enfin une opération qui pourrait s’apparenter à du blanchiment : la société du président Kabila a versé 500 000 dollars à Bruxelles au bénéfice d’une société qui n’a aucune existence officielle.

De quoi nourrir les futures enquêtes judiciaires qui pourraient être lancées en République démocratique du Congo. Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a indiqué lundi que la ministre de la justice avait écrit au parquet samedi, et a donné au procureur « injonction aux fins d’enquêtes et des poursuites parce que nous ne pouvons pas comme gouvernement rester insensible à de telles allégations »« Donc, le moment venu, la justice se saisira du dossier », a ajouté Patrick Muyaya, selon le site Actualites.cd.

Pour comprendre l’affaire Port de Fisher, il faut revenir à l’Enigma XK. Dans nos documents issus de la BGFI, nous avons trouvé onze virements effectués entre 2012 et 2014 au chantier naval de La Rochelle pour la rénovation du yacht, pour un total de 5 millions d’euros.

MW Afritec et Carrières du Congo, deux sociétés congolaises du duo Wan-Piedbœuf, ont réglé 2,7 millions d’euros. Tandis que 2,3 millions supplémentaires ont été payés par Port de Fisher, soit 3,1 millions de dollars au cours de l’époque.

Notre enquête démontre que 55 à 100 % de ces fonds ont été fournis par l’entreprise d’importation de poisson et de viande Egal, contrôlée par de très proches de Joseph Kabila, et dont Wan et Piedbœuf étaient tous deux directeurs généraux adjoints.

© Document PPLAAF/Mediapart

Le 26 juillet 2013, la première opération importante sur le compte de Port de Fisher est un virement de 1,5 million de dollars reçu d’Egal (notre document ci-dessus). Il est suivi par deux dépôts de liquide en août et en octobre, pour 1,75 million. Ce montant total correspond, au dollar près, à un retrait d’espèces effectué peu avant sur le compte d’Egal.

Or, notre enquête montre que la moitié de l’argent qu’Egal a versée à Port de Fisher pour rénover le yacht a été prélevée sur les 43 millions d’argent public détournés par Egal des caisses de la Banque centrale du Congo.

Marc Piedbœuf (à gauche) et Alain Wan, duo d’hommes d’affaires très proches de Joseph Kabila. © Facebook de Marc Piedboeuf

Résultat : l’État congolais a financé, pour au moins 794 000 dollars, la rénovation du yacht de luxe des deux hommes d’affaires partenaires de Joseph Kabila.

Leur relation est si forte qu’on peine parfois à distinguer qui possède quoi. Wan et Piedbœuf ont été les actionnaires majoritaires de la puissante société agricole Grands élevages du Bas-Congo (GEL), avant de la céder à Ferme Espoir, la société d’agrobusiness appartenant à Joseph Kabila, mais qui est gérée par Marc Piedbœuf.

On retrouve le même scénario avec Port de Fisher. Lors de sa création en 2012, elle était contrôlée à 65 % par Aremad, une société basée aux îles Vierges britanniques, l’un des pires paradis fiscaux de la planète. André Wan nous a transmis un document officiel des îles Vierges montrant que l’unique propriétaire d’Aremad est sa sœur, précisant qu’elle « représente nos intérêts uniquement ». Le second actionnaire à 35 % de Port de Fisher était MW Afritec, contrôlée par le duo Wan-Piedbœuf.

Port de Fisher est basée au numéro 4 de la route des Poids-Lourds à Kinshasa, le siège de MW Afritec et de Carrières du Congo. La gérante de Port de Fisher, Cléopâtre Fumu, travaille pour les trois sociétés.

En 2015, Port de Fisher a versé 1,6 million de dollars à All Ocean Logistics, une société boîtes aux lettres créée par la famille Wan aux îles Féroé, véritable paradis fiscal pour armateurs, afin de financer les activités maritimes d’Egal.

© Document The Sentry

All Ocean Logistics est basée au siège de Shipping.fo, un cabinet de domiciliation qui assure par ailleurs la gestion du yacht Enigma XK. Interrogé par notre partenaire PPLAAF, le patron de Shipping.fo, Per Brag, indique que « le propriétaire ultime du yacht est M. André Wan, c’est la personne avec laquelle nous avons fait toutes les affaires ».

En novembre 2015, Aremad a cédé 55 % du capital de Port de Fisher à la société GEL, filiale de la Ferme Espoir du président Kabila. Afritec a vendu ses 35 % à Allamanda Trading, une société basée aux îles Vierges britanniques, dont une source du premier cercle de Kabila a indiqué à notre partenaire The Sentry qu’elle lui appartient.

Depuis novembre 2015, Joseph Kabila de la RDC est donc devenu l’actionnaire majoritaire de Port de Fisher, tout en maintenant à son poste la gérante Cléopâtre Fumu, femme de confiance du duo Wan-Piedbœuf.

Voila qui est incongru : l’ancien président de la RDC possède une société portant le nom d’un ancien colon, qui a vécu à la fin du XIXe siècle à Boma, le port en aval du fleuve Congo, près de l’océan Atlantique.

« Port de Fisher ? Ça n’existe plus depuis la Première Guerre mondiale », explique Fabrice Mabiala, un aubergiste de Boma. « C’était le port privé d’un colon et ça se trouvait là-bas, fait-il encore en désignant un point au loin. Juste au-dessus, il y a la maison et les carcasses de ses voitures. Il est le premier à avoir importé des voitures au Congo. » On ignore si ce sont bien celles de M. Fisher, mais d’antiques voitures rouillent en effet sous une maison sur pilotis.

Sur place, des habitants racontent que « Monsieur Fisher » aurait été un colon et homme d’affaires allemand. À moins qu’il ne s’agisse d’Édouard Fischer, un officier et fonctionnaire belge débarqué en 1890 à Boma et décédé quatre and plus tard. Monsieur Fischer a en tout cas donné son nom à plusieurs lieux : une auberge, un petit marché aux poissons, une avenue. Il avait bien un port pour ses bateaux, mais il n’existe plus depuis un siècle.

Les statuts de la société Port de Fisher, obtenus par notre partenaire The Sentry, indiquent qu’il s’agit d’une société de commerce et d’« exploitation portuaire ». En 2015, en même temps que son rachat par Joseph Kabila, la Société congolaise des transports et des ports (SCTP), entreprise publique moribonde qui gère notamment le port principal de Boma, en a pris 10 % du capital.

Mais malgré tous nos efforts, nous n’avons trouvé aucune preuve de l’activité de Port de Fisher à Boma.

Selon un mémo interne de la BGFI, MW Afritec a signé un contrat de 18 millions de dollars avec la SCTP pour réhabiliter le parc à conteneurs du port principal de Boma, précisant qu’« étant donné les travaux à faire, les conteneurs existants doivent être déplacés vers le port de Fisher ». Selon ce document, le contrat aurait été signé le 21 août 2015, trois mois avant le rachat de la société Port de Fisher par Joseph Kabila.

Cléopâtre Fumu, gérante de la société, nous a répondu que Port de Fisher a tenté, avant que M. Kabila en devienne actionnaire, de créer avec la SCTP un « port sec » destiné à désengorger le port principal de Boma, projet qui n’a « malheureusement […] pas retenu l’attention du ministère », ce qui a annulé l’entrée de la SCTP au capital.

Nous avons trouvé une seconde piste : la société chinoise GGPI affirme, dans une plaquette publiée récemment, avoir construit un « Port de Fisher à Boma ». Il n’y a que deux ports en ville. Le second est opéré par une société privée baptisée Kuntuala Terminal.

Selon Cléopâtre Fumu, « Kuntuala Terminal est une entreprise installée dans la concession de Mme Mambimbi Virginie, mère de M. Alain Wan ». On y retrouve plusieurs entreprises de la galaxie Wan-Piedboeuf. Egal est officiellement presenté comme un membre du « groupement d’intérêt économique » du port, et c’est là qu’accostent ses bateaux chargés de poissons. Les engins qui opèrent sur les quais sont siglés Afritec.

Un camion d’Egal sort du port de Kuntuala à Boma, en RDC. © Sonia Rolley / RFI

Mais là encore, c’est un échec. Kuntuala Terminal nous a répondu n’avoir aucun lien avec l’entreprise Port de Fisher, ce que confirme sa gérante Cléopâtre Fumu.

En République démocratique du Congo, personne ne semble connaître Port de Fisher, mais le port privé géré à Boma par les partenaires de l’ancien président fait régulièrement la une de l’actualité.

En septembre 2020, en pleine crise entre Joseph Kabila et son successeur Félix Tshisekedi, la ministre de l’économie nationale, Acacia Bandubola, avait appelé Kuntuala Terminal à se conformer aux lois en vigueur, et de faire une demande officielle en vue d’obtenir le titre d’importateur et de distributeur de produits pétroliers, alors que ses stations service se multiplient. Il y en a même une devant le siège de la société Port de Fisher à Kinshasa.

« Kuntuala Terminal est une entreprise régulièrement constituée qui dispose de toutes les autorisations, agréments [et]homologations requises », nous a répondu la société.

Plus récemment encore, les agents de la SCTP, société publique en grande difficulté financière, ont lancé un mouvement de grève. Ils réclament pour certains plusieurs années de salaire impayés et les investissements promis par l’État.

Le port privé de Kuntuala à Boma, en RDC. © Kuntuala Terminal

Ils veulent aussi la fermeture de ports privés, dont celui de Kuntuala, qu’ils accusent d’asphyxier les ports d’État. « Le président Tshisekedi nous avait promis en janvier de les fermer, mais jusqu’ici, rien ne se passe », lance un gréviste. Interrogé sur les propriétaires de ces ports privés, l’agent de la SCTP sourit : « Vous savez très bien qui c’est ! Tout ça, c’est pour Kabila. »

À défaut d’activité portuaire revendiquée, la société Port de Fisher est devenue, à la suite de son rachat en 2015 par Joseph Kabila, le plus gros déposant de la BGFI RDC. Port de Fisher a reçu au total 28 millions de dollars, dont 5 millions déposés en liquide.

La banque n’avait « aucune information sur les actionnaires et dirigeants de la société », selon un tableur intitulé « suivi des activités » diffusé tous les mois au sein de la BGFI. Un audit réalisé en 2017 par la Banque centrale du Congo précise que le dossier client de Port de Fisher ne contenait pas les documents normalement exigés pour ouvrir un compte (notre document).

© Document PPLAAF/Mediapart

Plus de 8 millions de dollars ont pourtant été retirés en liquide de ce compte. Dont 450 000 dollars par David Ezekiel, l’homme de confiance de Francis Selemani, frère de Joseph Kabila et patron à l’époque de la BGFI RDC, au cœur de nos révélations sur le détournement de 138 millions de dollars des caisses de l’État par la famille Kabila .

Sur ce total, 3,3 millions de dollars d’argent public ont atterri dans les caisses de Port de Fisher, grâce à une série d’opérations acrobatiques.

Entre mars et juin 2017, la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) a changé, à huit reprises, des francs congolais (CDF) contre des dollars. Mais à chaque fois, la BGFI a prélevé de l’argent au passage et l’a viré à Port de Fisher, pour un total de 593 000 dollars.

La Ceni, dont la mission est d’organiser les élections, a aussi contribué à une opération encore plus étrange.

Le 13 décembre 2016, 23,8 milliards de CDF (20,1 millions de dollars), originaires du compte de la BGFI à la Banque centrale, sont virés sur un compte interne qui gère les opérations de change. Dix jours plus tard, la Ceni change une nouvelle fois des CDF en dollars via ce même compte interne de la BGFI.

La banque prélève alors 953 000 dollars à la Commission électorale, y ajoute les 20,1 millions issus de son compte à la Banque centrale, et vire le total, soit 21 millions de dollars, à Port de Fisher.

La société de Joseph Kabila a aussi reçu des fonds de la Banque centrale du Congo (BCC) depuis son compte à la BGFI, qui était en réalité une caisse noire. En octobre 2017, ce compte a viré à Port de Fisher l’équivalent de 1,75 million de dollars, dont 225 000 fournis quelques jours plus tôt par l’Assemblée nationale.

Joseph Kabila a aussi utilisé Port de Fisher pour effectuer une étrange transaction en Belgique, qui pourrait s’apparenter à du blanchiment.

© Document PPLAAF/Mediapart

Le 5 février 2016, 500 000 dollars en liquide sont déposés sur le compte de la société. Quatre jours plus tard, Port de Fisher vire l’argent sur un compte à la banque ING à Bruxelles, en faveur d’une société nommée « Mambimbi Wan Afritec ». Un nom qui ressemble à MW Afritec, la société congolaise de travaux publics du duo Wan-Piedbœuf.

Sauf que la facture (ci-contre) justifiant ce paiement, adressée à « Monsieur Alain Wan, Port de Fisher », a été émise par une autre société, « MW – Afritec Marine », basée au 14/10 de la rue Gatti-de-Gamond, le quartier le plus pauvre de la très chic commune bruxelloise d’Uccle.

Officiellement, il s’agit du paiement, par la société du président Kabila, des « frais de réparation, architecture et conception »du navire Casino II à La Rochelle, l’endroit même où le yacht Enigma XK a été rénové. Mais étrangement, la facture précise que les 500 000 dollars doivent être retirés « en cash auprès de la caisse ».

Tout cela a effrayé la banque maltaise Fimbank, qui a décidé d’annuler ce paiement en dollars « pour des raisons de conformité » (notre document ci-dessous). Qu’importe : la BGFI parvient à effectuer le même paiement dès le lendemain, en passant par sa propre filiale en France.

© Document PPLAAF/Mediapart

Nous n’avons pas trouvé le navire Casino II mentionné sur la facture dans les bases de données publiques. Contacté, le chantier naval de La Rochelle Atlantic Refit Center n’a pas répondu.

Il y a plus embarrassant encore. De toute évidence, la société qui a reçu l’argent n’existe pas. Il n’y a aucune trace de « Mambimbi Wan Afritec » et de « MW – Afritec Marine », ni au registre du commerce belge, ni en longeant les trottoirs de la rue Gatti-de-Gamond à Uccle.

 

© Roeland Termote / De Standaard

Au numéro 24/10, dans un immeuble banal avec une vue arrière sur une académie de jeunes footballeurs, notre partenaire De Standaard a trouvé trois sociétés liées à la famille Wan, mais qui portent des noms différents. Celui inscrit sur la sonnette est « WAN/EGAL EU srl ».

Mais au numéro 14, mentionné sur la facture envoyée à Port de Fisher, il n’y a qu’une maison familiale. Dans une autre facture, « Mambimbi Wan Afritec » se domicile au 1416 de la même rue. Ce numéro n’existe pas.

Cette société fantôme a pourtant reçu au total 9,1 millions de dollars depuis plusieurs comptes à la BGFI : 6,6 millions virés par MW Afritec et Carrières du Congo (sociétés du duo Wan-Piedbœuf), 500 000 dollars par Port de Fisher, mais aussi 2 millions versés par Sud Oil, la société-écran au cœur des révélations « Congo hold-up », qui a détourné à elle seule 92 millions de dollars des caisses de l’État au profit de la famille et du premier cercle de Joseph Kabila .

Puisque « Mambimbi Wan Afritec » est introuvable, qui était le titulaire du compte bancaire à l’ING de Bruxelles ? Qu’est devenu cet argent ?

La banque ING a refusé de répondre, ainsi que les familles Wan et Piedbœuf, considérant que nos informations sont « pour la plupart mensongères » et notre démarche motivée par l’« intention manifeste de nuire ». Le 3 novembre, avant même la publication de cet article, leur avocat a déposé plainte pour « dénonciation calomnieuse » contre Mediapart et nos partenaires De Standaard et PPLAAF, auprès d’un procureur général de Kinshasa.

Il y a d’autres étrangetés sur le compte de Port de Fisher. Les Établissements Sinaco, société congolaise qui importe du ciment chinois, lui a versé 1,12 million de dollars en janvier 2017, juste après avoir obtenu un prêt de la BGFI.

Le gérant de Sinaco, Tony Kapalata, assure n’avoir « aucune relation » avec la société de Joseph Kabila. « S’il s’avère que ce que vous me dites est vrai, je serai le premier à porter plainte contre la banque », ajoute-t-il.

Un an plus tard, en juin 2018, Port de Fisher vire cette fois 940 692 dollars à la société Congo Premier. Elle appartient à Victor Kasongo, qui a été administrateur de la BGFI et de Kwanza Capital, l’une des sociétés au cœur du réseau de détournement de fonds de la famille Kabila. Ce virement permet à Congo Premier de rembourser un prêt de plus de 900 000 dollars que la BGFI lui avait accordé.

Interrogé, Victor Kasongo raconte que sa société possédait à l’époque une ferme et des terrains, qui jouxtaient l’immense domaine présidentiel de Kingakati. Propriété de Ferme Espoir, société personnelle de Joseph Kabila, ce domaine abrite l’une de ses résidences privilégiées et son zoo personnel, peuplé de centaines d’animaux sauvages .

Pour rembourser son prêt, Victor Kasongo indique avoir vendu son terrain à « la Ferme Espoir de la famille Kabila », et pas du tout à Port de Fisher. « Je ne connais pas la société mentionnée et je n’ai rien signé avec eux quoi que soit », a-t-il insisté. C’est pourtant bien Port de Fisher qui a payé.

C’est ainsi que près d’un million de dollars, issus de la mystérieuse société portuaire, a financé l’agrandissement du domaine de Kingakati, où le désormais sénateur à vie Joseph Kabila coule des jours tranquilles, entouré d’éléphants, de girafes, de zèbres ou de gnous bleus. Il n’a pas souhaité répondre à nos questions.

23 novembre 2021 | Par Yann Philippin, Sébastien Bourdon, Karine Pfenniger (Medipart) et Sonia Rolley (RFI)

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