Weblogy, un acteur majeur de la transformation digitale en Afrique, se veut un modèle de réussite dans l’univers des fintechs et des médias digitaux. Créé en 1998, le groupe s’est depuis affirmé comme une référence, notamment avec son siège en Côte d’Ivoire à Abidjan (depuis 2002), et ses autres entités à l’international, comme Weblogy Offshore, et Weblogy Media, la régie publicitaire numérique.

Cependant, derrière cette façade de succès et d’innovation, un voile de turbulences et de controverses se déploie. Alors que le groupe se targue de jouer un rôle clé dans l’accélération de la transformation numérique en Afrique, les témoignages de salariés et les révélations internes dressent un tableau bien plus sombre : des salaires impayés, des licenciements sans indemnités, et une gestion interne chaotique. Loin de l’image de stabilité et d’efficacité, Weblogy semble être une entreprise en crise, dont la santé financière et les pratiques managériales soulèvent des questions fondamentales.
La faillite cachée ? Entre salaires impayés et licenciements injustifiés…
Weblogy Côte d’Ivoire, qui se décrit comme en état de faillite, est un exemple frappant de ce qui semble être une gestion précipitée et peu respectueuse des droits des employés. En effet, certains salariés, après avoir travaillé pendant plus de 9 à 10 ans au sein de l’entreprise, se retrouvent licenciés sans avoir reçu leurs indemnités de départ. Cela fait désormais plus de quatre mois que ces employés n’ont pas perçu leurs indemnités de licenciement, et la situation semble ne pas évoluer. Pire encore, plusieurs mois de salaires impayés se sont accumulés, totalisant pour certains 5 mois de salaire impayé.
Alors que l’entreprise est en proie à des difficultés financières, il est ‘’déroutant’’ de constater que la direction continue à organiser des événements somptueux, notamment des soirées très arrosées pour ses clients détenteurs de la carte prépayée Platinium. Une apparente contradiction qui frôle l’indécence, alors que des salariés peinent à obtenir ce qui leur est dû.
La soirée Platinium, organisée le jeudi 5 décembre 2024, au Lounge de Weblogy à Cocody Ambassade, a suscité de vives réactions parmi les employés des filiales Weblogy Offshore et Weblogy Côte d’Ivoire. Si l’événement a marqué les esprits par son éclat et son luxe, il a également ravivé des frustrations croissantes au sein du personnel. En effet, alors que des festivités étaient organisées dans une ambiance de prestige, de nombreux employés se retrouvaient confrontés à des difficultés financières majeures. « Si l’on n’a pas l’argent pour payer les employés, comment peut-on se permettre une telle fête ? », s’interroge un salarié, visiblement affecté par la situation. Une grande partie du personnel a ainsi passé une fin d’année particulièrement difficile, sans salaire, sans cadeaux de Noël pour leurs enfants, et avec des charges quotidiennes qui s’accumulent. « Pas de cadeaux de Noël pour nos enfants, des loyers impayés, des factures d’électricité et d’eau non réglées, la scolarité de nos enfants également en souffrance. C’est pénible tout ça », confie un autre employé, exaspéré par la situation.

Derrière cette gestion « chaotique » des finances se cache Mariame Rosalie Konaté, une consultante dont l’influence semble avoir largement pris le dessus dans la gestion des fonds des trois entités. Bien qu’elle ne soit officiellement employée par aucune d’elles, Mariame Rosalie Konaté exerce un contrôle total sur les finances, au point d’orienter toutes les décisions cruciales. Ce rôle, exercé en tant que consultante, n’est pourtant pas sans soulever de questions, notamment en raison de ses liens avec l’épouse de Jil-Alexandre N’Dia, ce qui renforce l’opacité autour de ses actions.
La Direction des Ressources Humaines (DRH), menée par Mme Joëlle Bah, est totalement mise à l’écart de ces décisions. « Mme Bah n’a plus aucun pouvoir. Même le recrutement de nouveaux agents se fait par le cabinet de la sœur de Mariame Konaté, sans que la DRH ait son mot à dire », déplore une source interne.
Si Weblogy Côte d’Ivoire n’a cependant pas officiellement déclaré faillite, cela pourrait s’expliquer par la volonté d’éviter une procédure judiciaire ou une médiatisation accrue de sa situation. Mais dans les faits, la confusion règne autour de l’état réel de l’entreprise. La direction se concentre sur la restructuration et les transferts de personnel, laissant une grande partie de ses employés sans réponses ni solutions concrètes à leurs problèmes de rémunération.
Weblogy offshore, un cas de négligence et d’injustice
Le cas de Weblogy Offshore, basé à Vitib Bassam, n’est pas plus reluisant. Selon plusieurs témoignages d’employés, ces derniers se retrouvent également avec des salaires impayés depuis près de deux mois, sans qu’aucune communication officielle n’ait été faite pour clarifier la situation. À l’heure actuelle, aucun plan de redressement ou de compensation n’a été proposé aux salariés, qui se sentent laissés pour compte dans cette spirale de négligence. Ce manque de communication et de transparence interne a conduit à un climat de méfiance croissante au sein des équipes. Certains travailleurs rapportent qu’ils n’ont été informés d’aucune évolution concernant leur situation salariale, ni d’une éventuelle restructuration qui pourrait les affecter. La direction se concentre davantage sur ses activités externes, notamment les partenariats commerciaux et les événements pour clients, que sur la résolution des problèmes internes.
Weblogy Media, une transition difficile et un avenir incertain !
L’entité Weblogy Media, la régie publicitaire numérique du groupe, reste la seule à bénéficier d’une attention particulière en ce moment. Cependant, cette situation ne se traduit pas pour les employés d’Offshore, qui, selon les informations recueillies, sont censés être transférés vers cette branche, puisque leurs activités sont jugées plus adaptées à la mission de Weblogy Media. Malencontreusement, ce transfert ne se fait pas de manière fluide. Il s’effectue “au cas par cas”, ce qui laisse une grande partie des employés dans l’incertitude. Les personnes déjà transférées sont, pour la plupart, des chefs d’équipe, ainsi que quelques journalistes.
Nombre d’entre eux se retrouvent coincés à Weblogy Offshore, sans possibilité réelle de transition vers Weblogy Media, ni garanties sur leur avenir professionnel. Ce décalage entre les annonces de la direction et la réalité sur le terrain est frappant, et suscite de nombreuses frustrations parmi les salariés. Le processus de transition est en réalité un prétexte pour réduire l’effectif à Weblogy Offshore, tout en continuant à gérer les affaires externes du groupe. Dans un tel contexte, l’inquiétude des salariés concernant leur avenir professionnel est légitime. En l’absence de mesures concrètes et d’une réelle volonté de réintégrer les employés dans les nouvelles structures du groupe, la situation de Weblogy est vouée à se détériorer davantage.

Gestion défaillante et pratiques contestables…
L’un des points les plus troublants dans cette affaire concerne la Direction générale de Weblogy. En dépit des difficultés financières évidentes et de la gestion « chaotique » des ressources humaines, la direction ne prend de mesures adéquates pour résoudre les problèmes internes. Au lieu de communiquer de manière transparente avec les employés et de trouver des solutions pour leur permettre de sortir de cette situation, elle privilégie des événements commerciaux et des soirées pour ses partenaires. Les employés licenciés sans indemnités, et ceux restant dans l’incertitude à Weblogy Offshore, expriment une frustration croissante face à cette gestion opaque et déconnectée des réalités du terrain. Ils dénoncent le manque de reconnaissance de leur travail, le non-paiement de leurs salaires et leur mise à l’écart dans les décisions importantes de l’entreprise.
LA REDAC’