L’entreprise ivoirienne de construction et de services (EICS) a lancé, en partenariat avec le Ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme (MCLU), via le Service des Terrains Aménagés (STAM), un projet ambitieux d’aménagement foncier auquel près de 300 souscripteurs ont adhéré. Cependant, ces derniers commencent à douter de la viabilité de l’initiative. A quels jeux jouent Célestin Koalla directeur général du Logement et du cadre de vie et Sylvain Gbonke Tia, directeur de l’aménagement foncier ?
Un partenariat avec le MCLU : un projet prometteur, mais incertain
La société EICS a initié le programme immobilier Ebenezer, en partenariat avec le Ministère de la Construction et de l’Urbanisme (MCLU). Ce programme vise à réaliser un complexe immobilier de 320 logements, comprenant des villas basses de 4 pièces et des immeubles R+3. Les travaux ont débuté grâce à des fonds propres, mais en raison des coûts de construction élevés, un financement extérieur a été recherché pour garantir l’achèvement du projet dans un délai raisonnable de deux ans maximums. La société EICS, fondée en Côte d’Ivoire, est spécialisée dans la promotion immobilière, l’aménagement foncier, et l’agence immobilière, et possède plusieurs agréments délivrés par le MCLU. Elle a déjà mené à bien plusieurs projets comme BOAZ1, ELISE et EBENEZER, et détient plusieurs terrains dans la région d’Abidjan et à Dabou. Le projet Ebenezer est situé sur 10 hectares, à une minute de la grande voie Y4 reliant Abidjan à Alepé. Il prévoit la construction de 160 villas, de 10 immeubles R+3, ainsi que plusieurs espaces verts, parkings, écoles et autres infrastructures modernes pour créer un cadre de vie agréable.


Des souscripteurs déçus : une promesse non tenue
Dès 2017, 300 Ivoiriens ont souscrit à des projets d’aménagement foncier proposés par EICS, avec trois sites en vue : Ahoué (sur la route d’Adzopé), Angré Caféier 3 et Angré Elisée. Le ministère s’est engagé à accompagner ce projet par le biais du STAM, et à faciliter l’obtention des Arrêtés de Concession Définitive (ACD) pour garantir la propriété des terrains. Mais à ce jour, les souscripteurs se trouvent dans une situation d’incertitude, n’ayant toujours pas reçu les terrains ou les maisons pour lesquels ils ont payé des sommes importantes, totalisant à ce jour plus de 2,5 milliards de FCFA.


Le ministère dans le collimateur : la gestion des fonds et des terrains
Les souscripteurs, en quête de réponses, ont tenté de joindre le DG d’EICS, M. Etchien Atché Pierre, sans succès. Celui-ci a cessé de répondre à leurs appels, laissant planer le doute sur la gestion du projet et l’avenir de leurs investissements. Par ailleurs, selon l’article 3 de la convention, le STAM devait suivre l’évolution des chantiers. Pourtant, aucune mesure n’a été prise pour sanctionner le non-respect du planning d’exécution des travaux par EICS, ce qui constitue une grave négligence du ministère. L’absence d’un compte séquestre destiné à garantir les paiements des souscripteurs constitue une violation des termes de l’accord, et le ministère semble fermer les yeux sur cette situation, ce qui accroit l’inquiétude des souscripteurs.
Une solution incertaine : le jeu dangereux du MCLU et de EICS
Face à ce fiasco, les souscripteurs ont adressé une lettre au MCLU le 3 mars 2023, exprimant leur frustration et demandant des éclaircissements sur le sort de leurs investissements. Dans cette lettre, ils rappellent qu’ils ont payé des sommes conséquentes depuis 2011, sans avoir reçu les terrains ou les logements promis. Bien que certains souscripteurs aient été reçus par Célestin Koalla, le Directeur du Logement et de l’Urbanisme, celui-ci leur a fait une contre-proposition de relocalisation sur un site de seulement 2 hectares, bien loin des 20 hectares initialement promis. Cette décision a provoqué une profonde déception chez les souscripteurs, qui réclament une solution juste et transparente.
Les contradictions du MCLU : un partenaire qui se défend mal
Le MCLU semble jouer un double jeu. Alors que Célestin Koalla affirme qu’une solution sera trouvée, il reste flou quant aux engagements du ministère et aux actions entreprises pour corriger cette situation. Lors d’une conférence de presse, M. Koalla a expliqué que la société EICS n’avait pas l’autorisation de vendre des terrains non aménagés, et a précisé que l’aménageur était responsable de l’exécution du projet. Mais malgré l’avancée de certains travaux, il semble qu’EICS se heurte à des obstacles administratifs, notamment concernant le financement et la gestion des terrains.
Questions sans réponses : l’avenir des souscripteurs compromis ?
Le MCLU doit maintenant répondre à plusieurs interrogations :
- Pourquoi attribuer un autre site à un aménageur qui n’a pas respecté son cahier des charges ?
- Pourquoi ne pas permettre à EICS de terminer son projet, alors qu’il est déjà à 95 % d’avancement ?
- Pourquoi rétrocéder rapidement le site à un autre aménageur ?
- Pourquoi le ministère ne réagit-il pas aux demandes des souscripteurs et d’EICS concernant la régularisation des terrains ?
La vérité sur les fonds et les terrains reste floue
Les souscripteurs, qui ont investi leurs économies dans l’espoir d’acquérir des terrains viabilisés, sont aujourd’hui pris au piège dans un imbroglio administratif et financier. Le MCLU, bien qu’engagé à trouver une solution, reste silencieux face aux nombreuses questions soulevées. L’arrivée d’un autre opérateur immobilier, la société les Lauriers, sur le site soulève des suspicions sur la véritable motivation derrière cette opération. Les souscripteurs, après des années d’attente, méritent des réponses claires et un règlement rapide de la situation.

LA REDACTION
Encadré
Plus de 17 courriers ont été envoyés au ministère de la Construction, dont un courrier pour intervention urgente et un autre pour demander une audience avec le Premier ministre. Un courrier a également été adressé à la Première Dame afin de lui exposer la situation injuste dont la société EICS est victime de la part de Célestin Koalla. En outre, des plaintes ont été déposées contre la société EICS auprès de la police économique par la société les Lauriers, alléguant que la société occupe illégalement le site. Cependant, après avoir répondu à la convocation et fourni tous les documents demandés, la société EICS n’a plus été contactée depuis.
Des questions demeurent…
Celestin Koalla et Sylvain Gbonke Tia sont-ils déjà allés personnellement sur le site de la société EICS pour évaluer la situation avant de l’attribuer à un autre promoteur ? Si la société EICS a effectivement travaillé sur le site, pourquoi ne pas lui avoir remis une nouvelle lettre de réservation afin qu’elle puisse se mettre en règle et satisfaire ses souscripteurs ?
Pourquoi, Célestin Koalla, a attribué le site de la société EICS à un autre promoteur un an après, sans même faire une proposition à la société, sous la pression des souscripteurs ?
À plusieurs reprises, Célestin Koalla a demandé à la société EICS de régler ses différends avec les souscripteurs avant de permettre l’avancement des travaux. Aujourd’hui, alors que la société est en harmonie avec ses souscripteurs, ne trouve-il pas injuste d’attribuer ce même site, sur lequel la société a investi, à un autre promoteur ?

Enfin, le 19 juillet 2023, la société EICS a eu une rencontre avec l’ancien directeur général, M. Kouamé Alexandre, au cours de laquelle il leur a demandé de poursuivre les travaux de construction sur leur site. Célestin Koalla est-il au courant de cette rencontre et de la décision prise à ce moment-là ?
LA REDAC