En cette journée internationale des droits des femmes, 8 mars 2025, nous rendons hommage à ces femmes audacieuses et déterminées qui ont façonné l’histoire de la Côte d’Ivoire et qui, à travers le monde, ont contribué à l’émancipation et à la reconnaissance des droits de celles qui furent longtemps reléguées à l’ombre de l’histoire officielle. Le 8 mars n’est pas seulement une célébration des acquis, mais aussi un appel à poursuivre la lutte pour une égalité pleine et entière, pour une justice sociale où la femme retrouve sa place de bâtisseuse et de leader.

En Côte d’Ivoire, le parcours des femmes, marquées par un engagement sans faille, de profile à travers les âges. Marie Koré, figure de la résistance anticoloniale, incarne cette force inaltérable. Dans les années 1940, elle a su galvaniser les femmes dans leur lutte pour la libération des prisonniers politiques. Une mobilisation hautement symbolique qui a non seulement été un acte de courage, mais un acte de « rébellion » contre un système oppressif. Le 22 décembre 1949, le courage des femmes ivoiriennes a défié les frontières de la peur. Elles ont quitté Abidjan à pied, parcourant les 40 kilomètres jusqu’à Grand-Bassam, dans une détermination inflexible. Bien que stoppées et brutalement attaquées par la soldatesque coloniale française, elles ont tenu bon, et c’est dans ces moments de souffrance qu’est née une légende de la lutte féminine. Marie Koré, en appelant ses sœurs à la résistance face à l’injustice, est devenue l’incarnation de l’engagement féminin pour la liberté et la dignité. « Mes sœurs bété, Baoulé, dioula, et partout, n’ayez pas peur ! Ce n’est pas parce qu’on nous envoie un jet d’eau avec du sable que nous devons nous décourager car une personne qui veut aller au secours de son époux, de son frère, de son fils ne doit pas reculer devant si peu de chose. », avait dit Marie Koré, selon une enquête de Henriette Diabaté, autrice de La marche des femmes sur Grand-Bassam.
Aujourd’hui encore, le combat de Marie Koré et de ses compagnes, telles qu’Anne-Marie Raggi, Odette Ekra et Lorougnon Zikaï, reste un modèle d’inspiration pour les générations présentes et futures. Leur engagement n’a pas seulement marqué la lutte pour l’indépendance, il a ouvert un chemin vers la reconnaissance des droits des femmes dans la sphère politique et sociale de la Côte d’Ivoire.

L’histoire de la Côte d’Ivoire, riche en contributions féminines, continue de s’écrire grâce à des figures inoubliables telles que Colette Irié Lou, pionnière dans le monde agricole ivoirien ; Madeleine Tchicaya, la première femme énarque du pays ; Jeanne Gervais, la première femme ministre en Côte d’Ivoire ; et Hortense Aka-Anghui, la première femme maire de notre nation. Ces femmes, à l’instar de celles qui les ont précédées, ont ouvert des brèches dans des domaines longtemps considérés comme réservés aux hommes.
La liste de ces pionnières ne s’arrête pas là : Akissi Kouamé, la première femme générale d’armée en Côte d’Ivoire ; Jacqueline Oble, la première agrégée de droit privé d’Afrique ; et Marie-Rose Guiraud, chorégraphe et danseuse de renom, toutes ces femmes ont inscrit leurs noms en lettres d’or dans l’histoire de la Côte d’Ivoire.
Ce 8 mars, rendons hommage à ces femmes politiques, intellectuelles, scientifiques, artistes et à toutes celles dont l’action et les sacrifices ont permis d’écrire l’histoire de la nation ivoirienne. Elles sont les bâtisseuses d’un avenir où l’égalité des genres, loin d’être un idéal lointain, devient une réalité palpable. Le combat continue, mais le chemin déjà parcouru est une source d’inspiration indéfectible.
À toutes les femmes du monde, et particulièrement à celles de la Côte d’Ivoire, nous affirmons aujourd’hui notre solidarité et notre détermination à poursuivre la quête de justice, d’égalité et de respect. Que ce 8 mars soit un moment de réflexion et d’engagement, un appel à toutes les femmes et à tous les hommes à œuvrer ensemble pour un avenir plus équitable.
TAKI BOUANZI