Tout a commencé en 2019 avec les USA…
En 2019, il y’a eu la menace des USA de ne plus acheter de produits agricoles dont le cacao, provenant du travail des enfants. Il fallait donc lutter contre le travail des enfants dans la cacao culture. Une menace autrefois brandie par les adversaires du régime de Laurent Gbagbo –qui l’accusaient de vendre du cacao malsain- qui subitement reviennent à la réalité. En effet la première Dame Dominique Ouattara responsable du Comité national de surveillance des actions de lutte contre le travail des enfants et qui dirige le plan national de 76 milliards de FCFA, avait dès lors pris le taureau par les cornes. Elle avait donc envoyé une mission de bons offices au pays de l’Uncle Sam pour présenter son plaidoyer et affirmer à ce propos, que «85% des enfants impliqués dans la culture du cacao vont à l’école, ils vivent avec leurs parents et vont occasionnellement au champ ». Il ne fallait justement pas cracher en l’air, pour que la salive ne nous retombe pas en pleine figure… Un simple hara-kiri, en somme ! Dès lors il y’a une dichotomie entre ce qui est présenté par les Américains et la conception africaine du travail qui voudrait que l’enfant aide ses parents dans les travaux champêtres.
L’UE entre dans la danse !
Les députés européens dès l’année 2022 ont brandi à leur tour la menace de suspendre le paiement de produits agricoles issus de la déforestation et notamment le cacao. Irrité et interrogé par ‘’RFI’’ et ‘’France 24’’, le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara était sorti de ses gonds pour à son tour aussi (à des fins stratégiques sans doute) répliquer face à ce qui semble être un chantage de trop. Selon Alassane Ouattara, donc : « Je peux vous dire que ce n’est pas de l’intérêt de l’UE. Vous savez, le monde est multipolaire, aujourd’hui. Si les Européens ne veulent pas acheter notre cacao, il y’en a d’autres qui vont l’acheter. Si les Américains ne veulent pas acheter notre cacao, il y’en a d’autres qui vont l’acheter. Nous devons travailler ensemble à ce que ce cacao soit durable. » Et de se plaindre fa ce à ces récriminations concernant la pollution dont ces pays sont les plus grands responsables : « Nous sommes d’accord que le problème de l’environnement soit au cœur de ce que nous faisons. Mais qu’est-ce que l’Afrique représente en matière de pollution ? 4% ? Et les 96%, qui sont ceux qui le font ? Ce sont les Occidentaux. Et vous vous êtes développés comment ? » Et de demander des soutiens financiers pour lutter contre les érosions et le réchauffement climatique, ainsi que de l’encadrement. Il croît toujours notre Président que les autres feront son bonheur à sa place !?
Une contre-offensive perdue d’avance ?
Alassane Ouattara après s’être plaint de ces décisions mortelles pour la Côte d’Ivoire, a voulu trouver une parade. En se tournant éventuellement vers d’autres parties du monde notamment, la grande Chine. Avec pour objectif, la transformation à l’horizon 2030, de 100% de son cacao. En janvier 2023 Yves Brahima Koné, directeur général du Conseil Café-Cacao (CCC)Côte d’Ivoire très controversé par le monde paysan pour ses décisions plus politiques que sociales, annonçait la signature d’un accord avec les Émirats arabes unis pour la construction d’une nouvelle usine de transformation de Cacao au cours des 9 prochains mois, soit jusqu’avant la fin de l’année 2023. Dotée d’une capacité de broyage de 120 000 tonnes de fèves par an, l’usine sera installée sur un site basé dans la ville de San Pedro. Deux autres unités financées par la Chine sont également prévues pour entrer en service en octobre prochain avec une capacité de traitement annuel de 50 000 tonnes chacune. Ces trois usines devraient ajouter une capacité supplémentaire de broyage de fèves de 220 000 tonnes à l’industrie locale, qui traite actuellement entre 35 et 40 % de la production nationale de cacao. Pour arriver à traiter 1 million de tonnes d’ici la campagne 2023-2024. Et qui fera du pays le premier broyeur de cacao au monde, avant les Pays-Bas.
L’Etat ivoirien certes est sur une bonne voie, mais oublie un aspect important de la donne. C’est que les Emirats et la Chine ne sont pas de grandes nations consommatrices de cacao et n’ont aucunement promis l’écoulement de ce cacao même transformé, dans leurs Etats respectifs et par leurs populations respectives. Le problème n’a pas été résolu, mais en partie, déplacé et les plus gros problèmes, éludés. Qui consommera ce cacao même transformé localement ? Jusqu’à preuve du contraire et cela les autorités ivoiriennes ne peuvent l’ignorer, l’UE reste le gros bras de l’importation avec 65% de la production ivoirienne. Et aucune alternative n’est prévue pour pallier ce gros manque à gagner. Même au plan local, le cacao ne se consomme pas comme il se devrait. Ne devrions-nous pas commencer par-là ? Si l’UE reste sur sa position le secteur à n’en point douter, connaîtra de prochains lustres très sombres.
Et si les Occidentaux avaient raison ?
Au-delà de l’optimisme affiché par les autorités ivoiriennes face aux probables sanctions de l’Union européenne sur le cacao, la réalité est tout autre. Selon l’ONG ‘’Mighty Earth’’, plus de 40% de la production cacaoyère ivoirienne provient des forêts classées. Les chiffres révélés par les derniers recensements du Conseil café cacao sont ahurissants, même si ceux-ci ne sont pas publics. Sur les 1 millions de producteurs de café cacao sur l’ensemble du territoire national, ceux des forêts classées sont 123 644 soit 12% des producteurs recensés. Les femmes représentent 4% et les hommes, 96%. En ce qui concerne les surfaces occupées, elles sont estimées à 483 751 hectares soit 15% des superficies totales recensés. Face à une telle problématique, l’Etat ivoirien semble être entre le marteau et l’enclume. Que faire dès lors, entre déguerpissement et affronter courageusement l’UE avec des arguments solides tout en brandissant le côté humanitaire ?
Commencer par un peu plus de justice !
@enquetemedia pour une fois, se basera sur des propos de l’analyste Jean Christian Konan qui à travers les réseaux sociaux, avait dépeint la misère des planteurs de café et de cacao de Côte d’Ivoire. Comment l’Etat peut-il continuer à s’enrichir et financer des travaux pharaoniques et relevant souvent simplement de la mégalomanie et du prestige, mais qui n’impactent pas directement et durablement la vie des citoyens ivoiriens qu’il est censé représenter ? Reprenons tout simplement cette remarque, digne d’intérêt : « On le sait les paysans ne perçoivent que 6 % des 100 milliards de dollars (50000 milliards de FCFA) par an que représente le marché mondial du cacao et du chocolat. Mais le chiffre du jour c’est : 40.000 (quarante milles). C’est le nombre de camions poids lourds de 50 tonnes qui sont utilisés tous les ans en Côte d’Ivoire pour transporter aux ports et usines de transformation, les 2000. 000 (deux millions) de tonnes de fèves de cacao. Pour garer 40.000 camions il faudrait disposer de 634 parkings comme celui-ci en image (vu à côté du post). 634 parkings de 63 camions exactement comme celui-là. Beaucoup d’efforts de nos paysans, une puissante logistique de nos transporteurs et des revenus minables. Une armada de camions pouvant assurer l’équivalent 40.000 livraisons de 50 tonnes, une force de production agricole de 2000.000 de tonnes (deux millions de tonnes), tous les ans, et au final 6% ! Tout ça, pour ça !?! »
Et si avant de franchir le rubicond, on commençait par nettoyer les écuries d’Augias !?
LA REDACTION