Principale compagnie aérienne ivoirienne, fondée le 25 mars 2012, les activités principales de Air Côte d’Ivoire sont le transport de passagers, de fret ainsi que la maintenance et l’entretien d’avions. La compagnie compte 625 personnes dont 79 pilotes, 165 hôtesses et stewards, 60 techniciens avions et 321 personnels au sol. Malgré ses chiffres embellis, la compagnie fonctionne avec des méthodes archaïques et un management médiéval. Pourtant Air Sénégal, malgré ses intempéries internes, a fait en 3 ans ce qu’Air Côte d’Ivoire n’a jamais pu caresser des doigts en 10 ans. Incursion de @enquetemedia dans le fonctionnement du fleuron national, en trois parties.
Air Côte d’Ivoire. Les Hôtesses et stewards à bord des avions sont tenus de suivre des formations qui sont sanctionnées par l’aviation civile, la partie visible de l’iceberg pour le passager, c’est quand ils demandent si vous voulez un café ou alors quand ils vous demandent votre carte d’embarquement. Certains les qualifient de serveurs de bars et restaurant en uniforme. De ce fait, sur les 10 dernières années, Hôtesses et stewards n’ont pas vu leur salaire augmenter. Ils sont à 450 000 F CFA … Il n’y a pas d’évolution de salaire en fonction de l’ancienneté. La seule évolution possible, c’est d’être chef de cabine avec 200 000 FCFA en plus. 650 000 FCFA, c’est le salaire de base d’un responsable commercial en Côte d’Ivoire, sauf que les hôtesses et stewards n’ont pas que le coté commercial à assurer. En cas de crash, d’évacuation, d’incendie et d’autres soucis, ce sont eux qui vont permettre aux passagers de s’en sortir... Sur leurs badges, il est bien mis en évidence : SECURITE. Mais cela n’est pas du tout apprécié ni pris en compte par les responsables de la compagnie qui se moquent ouvertement des PNC (personnel navigant commercial).
Chez Asky par exemple, pour le métier d’hôtesse et de steward, le salaire de base n’est pas bien plus élevé, mais en contrepartie, pour chaque vol avec un stop à l’hôtel, chaque membre d’équipage reçoit 100 dollars US . Pour 4 vols avec un stop à l’hôtel par semaine, c’est 400 dollars qu’ils empochent à la fin de la semaine. 400 dollars multiplié par 4 = 1600 dollars, soit 1 000 0000 FCFA en plus du salaire de base.
Chez Air Côte d’Ivoire, il y a des vols où le personnel naviguant passe 2 jours sur place avant de revenir sur Abidjan. Ils partent le lundi matin et ne reviennent que jeudi soir chez eux. Mais ils ne reçoivent qu’un perdiem en fonction du prix du repas sur la carte du restaurant de l’hôtel : 30 000 F CFA, soit 15 000 FCFA par repas. Le petit déjeuner est initialement compris dans les chambres. Air Côte d’Ivoire n’est, cependant, pas un low-cost comme Asky, mais une compagnie nationale et la seule en Côte d’Ivoire.
La plupart des Hôtesses, des « mamans », ont milité pour qu’une crèche soit ouverte afin que les employés puissent y déposer leurs enfants sur les rotations les plus longues. Etant donné que beaucoup de femme élèvent leurs enfants seuls (c’est aussi une réalité sociale), mais rien!
Des vols extrêmement dangereux et fatigants.
Avec la crise du COVID-19 et à cause des couvres feux en Afrique centrale, pour continuer à desservir ces pays-là, Air Côte d’Ivoire a mis au point un vol qui décolle d’Abidjan à 3h30mn du matin. L’avion va jusqu’à Brazzaville où il atterrît vers 6h30mn . Il reste le temps de débarquer et embarquer les passagers et ensuite repart de Brazzaville sur Pointe–Noire et revient sur Abidjan vers 11h50 ou 12h30 par le même scenario. Le vol dure 7h de temps. Pour pouvoir décoller à 3h30 du matin, l’équipage devrait donc se lever tôt. Pour ceux qui habitent Bingerville, ils doivent être sur pied à 1h00mn du matin et rester débout pendant 12h de temps. Ils rentrent à Abidjan. Le lendemain matin. certains repartent à 9h de chez eux pour une autre journée de vol.
7h de vol. C’est une heure de plus que Abidjan-Paris. Ce sont des temps de vol de long courrier, certes en heures cumulées, mais cela est en quasi continu et le reste de l’emploi du temps n’est pas aménagé pour que les équipages se reposent. Une situation acceptable en temps de crise mais pas tout le temps. Air Côte d’Ivoire semble adopter ce mode de fonctionnement tout le temps. C’est d’ailleurs le cas encore aujourd’hui. Pas d’équipages pour pouvoir assurer les rotations car Air Côte d’Ivoire est l’une des compagnies qui paie le moins bien ses employés avec Air Burkina. Les salaires comparés à la charge de travail demandée sont ridicules et des comparaisons sont faites sans tenir compte du contexte.
Par exemple, la nouvelle théorie du DG Laurent Loukou(directeur général d’Air Côte d’Ivoire depuis février 2021) est de ne pas tenir compte des temps de service du personnel naviguant.
« Si vous êtes programmes pour faire un vol entre Abidjan et Ouagadougou, le temps de vol est d’environ 1h30. Si l’avion doit décoller a 12h30, vous êtes tenus en tant que membre d’équipage d’être à l’avion 1H avant le décollage, soit 11h30. Avant cela vous êtes déjà au sein des murs de la compagnie à 10h30 au plus tard. Votre temps de service commence au moment où vous signez la fiche de présence en salle des casiers de naviguant. Votre temps de service va s’arrêter àl’ouverture de la porte de l’avion quand vous serez de retour à Abidjan. Quand vous arrivez àOuagadougou vers 14h, vous ne redécollez pas avant 16h, donc vous passez 2h au sol à Ouagadougou. Durant ces 2H, soit vous restez dans l’avion ou alors vous allez au salon VIP de l’aéroport pour éviter de consommer du carburant de l’avion au sol. Vous redécollez à 16H et vous vous posez à 17h30 àAbidjan. Pour la Direction, vous n’avez été que productif pendant 3h de temps, car elle ne tientcompte que des heures de vol pour calculer votre rendement. Votre temps de service de 10h30 jusque 17h30, elle n’en tient pas compte. », lâche notre source sous un prudent anonymat.
LA REDAC’
( Suite demain 27/07/22)