En 2013, dans le cadre du Programme Emploi Jeune et Développement des Compétences (PEJEDEC), la Société des Transports Abidjanais (Sotra) et l’Agence d’Études et de Promotion de l’Emploi (AGEPE) ont lancé un partenariat visant à offrir des stages à 331 jeunes Ivoiriens, âgés de 18 à 30 ans, diplômés et sans emploi. Ce qui devait être une opportunité de débuter une carrière s’est transformé en un véritable parcours du combattant pour de nombreux stagiaires.
Dès avril 2013, les jeunes commencent le stage à la Sotra, recrutés grâce au projet PEJEDEC. Ils étaient rémunérés par la Banque Mondiale, avec un salaire de 65 000 FCFA. Le premier stage de six mois s’est terminé en octobre 2013, mais il a été rapidement prolongé pour une nouvelle période de six mois, jusqu’en avril 2014. Après un an, les espoirs d’embauche se sont rapidement dissipés : la Sotra a justifié son incapacité à recruter en invoquant un manque de bus.
Au fil du temps, la situation est devenue encore plus complexe. La Sotra a mis en place un contrat atypique, le CEF (Contrat Essai Formation), qui garantissait une prise en charge des rémunérations, tout en continuant à conserver les stagiaires dans l’illusion d’une embauche prochaine. Alors que des bus d’occasion hollandais, les VDL, faisaient leur apparition, ces jeunes espéraient enfin une intégration dans l’équipe. Malheureusement, les recrutements ont principalement profité à des proches du directeur général et à des membres de son entourage, laissant de côté ceux qui avaient véritablement investi leur temps et leur énergie au sein de l’entreprise.
La situation s’est aggravée avec la création d’un nouveau contrat, le “Stage de Qualification à l’Embauche” (SQE), qui n’a fait qu’amplifier les inégalités. Pendant cinq longues années, les jeunes ont été confrontés à des retards de paiement et à des arriérés de primes, atteignant jusqu’à 16 mois. Malgré l’arrivée régulière de nouveaux bus, les recrutements continuaient de favoriser les relations familiales et amicales, tandis que les jeunes, qui avaient donné tant d’efforts, restaient sur le carreau.
Face à cette injustice, les jeunes ont tenté d’interpeller la direction. En retour, ils ont été expulsés, comme des indésirables. Leurs démarches vers l’inspection du travail, le ministère des Transports, la Grande Médiature de la République, la Primature et même la Présidence n’ont rien donné. La Sotra a ainsi volé cinq années de vie professionnelle aux jeunes, des années qui auraient pu être consacrées à construire une carrière. Aujourd’hui, certains d’entre eux parviennent à rebondir ailleurs, mais d’autres restent sans emploi depuis 2018.
LA REDAC