L’affaire de la mise à la retraite du syndicaliste Bli Blé David a connu un rebondissement au début de cette semaine, suite à un courrier adressé au Ministre de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation par Anne-Désirée Ouloto, Ministre d’État, Ministre de la Fonction Publique et de la Modernisation de l’Administration, en date du 10 mars 2025.
Pour mieux comprendre cette affaire, il convient de retracer la carrière professionnelle de Bli Blé David. Recruté en 1985 en tant qu’enseignant, il devient Conseiller à l’extra-scolaire en 2009, atteignant le grade A3 et étant ainsi admissible à la retraite à 60 ans.
En 2022, suite à un concours professionnel exceptionnel, il est déclaré admis à l’emploi d’Inspecteur option Vie scolaire. À ce titre, il est mis à la disposition du Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (MENA) par le Ministère d’État, conformément aux dispositions du Statut Général de la fonction publique. Le 16 août 2024, il est affecté à l’Inspection de l’Enseignement Préscolaire et Primaire (IEPP) de Cocody-Blockhaus. Il prend effectivement ses fonctions et reçoit une attestation de présence au poste, signée par le Directeur des Ressources Humaines du MENA et son Chef de Circonscription, le 11 décembre 2024. Dans ce rôle, il est maintenant au grade A4, ce qui lui permet de faire valoir ses droits à la retraite à 65 ans.
Cependant, à la fin du mois de janvier 2025, Bli Blé David constate que son solde est interrompu. Il se rend alors au Ministère de la Fonction Publique avec un courrier daté du 10 février 2025, demandant la régularisation de sa situation administrative. Malgré cette démarche, la Ministre de la Fonction Publique ne semble pas disposée à résoudre le problème.
Tout porte à croire qu’il est victime d’un acharnement, voire d’un chantage inacceptable. Il est important de noter que la retraite professionnelle n’entrave pas l’exercice de l’activité syndicale. En effet, plusieurs dirigeants des centrales syndicales, avec lesquels le Gouvernement dialogue régulièrement, sont des retraités. Au MENA, par exemple, les syndicalistes Ourizalé Jérôme et Koutou Brou Ernest, qui ont depuis longtemps fait valoir leurs droits à la retraite, continuent de diriger respectivement le SAEPPCI et le SYNEPPCI, des syndicats de l’enseignement préscolaire et primaire.
Le porte-parolat de l’Intersyndicale du Secteur Éducation-Formation, occupé par Bli Blé David depuis 2024, serait-il la raison de cet acharnement ? Cela semble plausible, notamment dans le cadre de la lutte syndicale pour l’octroi d’une prime d’incitation au personnel enseignant, engagée en octobre 2024 suite à un arrêt de travail de trois jours.
Si tel est le cas, le Gouvernement s’attaque à un problème de surface tout en laissant la situation s’envenimer. La solution ne réside pas dans la répression de la lutte syndicale, mais dans la fourniture de réponses claires aux préoccupations des enseignants.
Il est également à noter qu’à la fin novembre 2024, la Ministre de la Fonction Publique avait annoncé la mise en place d’un Comité d’Experts pour traiter la question de la prime demandée par les enseignants de Côte d’Ivoire. Ce Comité devait remettre ses premières conclusions lors d’une réunion du Comité Consultatif de la Fonction Publique prévue pour le 27 février 2025.
LA REDAC