Komé Bakary est né au Mali de parents maliens. Il est le petit frère de Komé Cessé, avec qui il partage le même père et la même mère. Ce dernier, opérateur économique et actionnaire du groupe Radisson Blu, a été naturalisé ivoirien par décret en 2005. Leurs deux parents sont originaires de Koira (Mali).
La naturalisation régulière de M. Cessé lui permet aujourd’hui de revendiquer la nationalité ivoirienne à bon droit.
Mais qu’en est-il de son petit frère, Komé Bakary ?
Né également à Koira (Mali), le 1er janvier 1979, Komé Bakary ne possède aucun décret de naturalisation ivoirienne.
Pourtant, il détient une Carte Nationale d’Identité (CNI) ivoirienne, délivrée en 2009 puis renouvelée en 2015.
Quels documents ont permis cette obtention ?
- Un décret de naturalisation ?
- Un certificat de nationalité ivoirienne, suggérant qu’au moins un de ses parents serait ivoirien, alors qu’il est reconnu que ses deux parents, tout comme ceux de son frère, sont maliens ?
Interrogé par nos confrères de L’Éléphant Déchaîné, qui ont publié un dossier sur l’affaire, Komé Bakary n’a pas été en mesure de fournir ni décret de naturalisation, ni certificat de nationalité.
Selon ces journalistes, l’ONECI aurait affirmé que les documents ayant permis à Komé Bakary d’obtenir une CNI en 2009 n’existent pas dans leur base de données. Il aurait pu renouveler cette CNI en 2015 en présentant simplement celle de 2009.
Il est important de souligner que Komé Bakary et Komé Cessé sont inscrits sur la liste électorale. Tandis que l’inscription de Cessé ne soulève pas d’interrogations, celle de Bakary suscite de sérieuses questions (voir Doc 1).

Depuis le début de la semaine, un certain Jean Christian Konan, lors d’un direct Facebook, a remis en question la crédibilité de l’enquête menée par L’Éléphant Déchaîné.
Se prétendant responsable d’un cabinet de communication, sûr de ses preuves qu’il n’a jamais produites, il a entrepris une tentative de réhabilitation de Komé Bakary. Il affirme que celui-ci, pourtant inculpé deux fois pour faux et usage de faux par le Tribunal du Plateau et celui de Bingerville, serait ivoirien, né à Abobo-Gare (Bingerville) le 20 janvier 1979, et non au Mali le 1er janvier 1979.
Jean Christian Konan admet ne pas avoir vu de décret de naturalisation, mais seulement la CNI. Il a défié quiconque de prouver que Bakary est né au Mali.
Ce que M. Konan semble ignorer, c’est qu’un journaliste d’investigation digne de ce nom ne soupçonne jamais une fraude sur la nationalité sans base documentaire solide.
Komé Bakary est bien né à Koira, au Mali, le 1er janvier 1979.
Une identité double révélée par la justice
En 2015, Komé Bakary a intenté une action en justice contre Ngoran Kouadio, propriétaire d’un terrain sur lequel se trouvait la maison de Dame Touré Hélène. Dans cette procédure civile, il a fourni un document d’identité malien indiquant sa naissance le 1er janvier 1979 à Koira (Mali), fils de Komé Matene et de Goumane Fatoumata — alors qu’il détenait déjà une CNI ivoirienne depuis 2009, où sa mère s’appelle Goumane Loumou.
Pourquoi avoir joint une pièce d’identité malienne à cette requête s’il prétend être ivoirien depuis la naissance ?
Le 21 avril 2016, la chambre présidentielle du tribunal d’Abidjan lui a donné gain de cause, lui permettant de faire détruire la maison de Dame Touré Hélène.
En 2017, la famille fut expulsée et le terrain revendu à 50 millions de FCFA (voir document 2).

Ngoran Kouadio a fait appel. Lors de cette audience, Komé Bakary a encore présenté une pièce d’identité malienne, ce que la cour a consigné dans l’arrêt 156/22 : il est né le 1er janvier 1979 au Mali, de nationalité malienne (voir documents 3 et 4).


Deux procès civils gagnés par Komé Bakary en tant que Malien.
Et pourtant, depuis 2009, il détient deux CNI ivoiriennes. Toutes les décisions de justice rendues à son bénéfice le désignent comme Malien.
Si Komé prétend aujourd’hui être ivoirien et non né au Mali, cela revient à dire que la personne malienne ayant gagné ces procès n’est pas lui. Ce serait donc une usurpation d’identité et une infraction pénale.

Procédure pénale et contradictions
Dans le cadre d’une plainte pour faux et usage de faux entre 2011 et 2015, Komé Bakary a présenté une pièce d’identité malienne au juge d’instruction, attestant qu’il est né au Mali le 1er janvier 1979.
Après quatre ans d’instruction, un non-lieu a été prononcé en sa faveur. Mais cet arrêt a été cassé par la Cour d’appel (arrêt n°29 du 23 janvier 2019), au motif que le juge d’instruction avait ignoré le droit foncier. L’arrêt mentionne explicitement que Komé Bakary est Malien, né le 1er janvier 1979 à Koira.
La Cour a également ordonné une expertise immobilière pour déterminer qui, de Komé Bakary ou de Ngoran Kouadio, est le vrai propriétaire du terrain.
L’expertise foncière tranche
En août 2020, l’expert immobilier a conclu :
- Komé Bakary n’est pas propriétaire du terrain.
- Il a utilisé de faux documents pour établir un titre foncier.
- Tous les documents qu’il a obtenus ont été annulés dès 2013 par le ministère de la Construction pour faux et usage de faux (voir Docs 6, 7, 8).



Un Malien enregistré au Cadastre
Pour obtenir l’enregistrement foncier du Lot 3413, îlot 297, à Abobo-Baoulé, Komé Bakary a fourni en 2013 une carte consulaire malienne n° 03 37 674, délivrée le 18 juin 2002. Elle indique : né à Koira (Mali), le 1er janvier 1979, de Komé Matene et de Goumane Lougou.
Le service du Cadastre des impôts de Cocody l’a enregistré comme Malien. Ce statut n’a jamais été modifié jusqu’en 2025 (voir doc 9).

Conclusion
Komé Bakary, né au Mali de père et mère maliens :
- prétend être né à Abobo-Gare, le 20 janvier 1979, sans pouvoir produire de décret de naturalisation ;
- détient deux CNI ivoiriennes ;
- a toujours présenté des pièces d’identité maliennes dans toutes ses procédures judiciaires, civiles et pénales ;
- est enregistré comme Malien dans les bases du Cadastre, de la justice, et du ministère de la Construction.
Enfin, une expertise judiciaire a confirmé qu’il avait acquis un terrain à l’aide de faux documents, entraînant l’annulation de ces documents dès 2013.
Fin de l’histoire : Aucun crime n’est parfait. Komé Bakary et ses complices doivent être mis aux arrêts pour fraude sur la nationalité ivoirienne.
Suleyman Ouattara,
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