La Chine, leader mondial de la pêche en haute mer, revendique plus de 2 500 navires opérant sur les océans, mais certains experts estiment que ce chiffre pourrait atteindre 17 000, propulsant ainsi Pékin au sommet des nations responsables de la surpêche. Une grande partie de cette flotte se concentre sur les eaux poissonneuses du Golfe de Guinée, une région essentielle pour la biodiversité marine et vitale pour la pêche artisanale locale.
Des pratiques de pêche destructrices
Les navires chinois utilisent des techniques extrêmement destructrices, en particulier le chalutage de fond, qui consiste à traîner des filets lourds au fond de l’océan. Cette méthode dévastatrice détruit non seulement des écosystèmes marins fragiles, mais elle capture aussi des espèces marines cruciales pour la régénération des stocks halieutiques. Selon Greenpeace, plus de 400 navires chinois sont actuellement actifs au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest, générant des revenus annuels dépassant les 400 millions d’euros, principalement issus de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN).
Des conséquences dramatiques pour la pêche artisanale et la sécurité alimentaire
Les conséquences de cette pêche illégale sont catastrophiques pour les communautés locales, en particulier celles qui dépendent de la pêche artisanale pour leur subsistance. Au Sénégal, un rapport de la Fondation pour la justice environnementale (EJF) de 2023 révèle que 65 % des pêcheurs artisanaux ont constaté une baisse de leurs revenus depuis 2018, tandis que 88 % des pêcheurs et 93 % des transformatrices signalent une diminution de l’accès au poisson pour leur propre consommation. Au Bénin, les pertes économiques liées à la pêche illégale s’élèvent à plus de 2 milliards de FCFA par an, une perte colossale pour un secteur représentant 3 % du PIB national.
Au Sénégal, où plus de 50 % des protéines animales proviennent de la pêche, l’accès à des ressources maritimes suffisantes devient de plus en plus difficile. Le pays est ainsi confronté à un double défi : la diminution de ses ressources maritimes et l’exportation massive de poissons, notamment vers la Chine, mettant en péril l’approvisionnement alimentaire des populations locales.
Des solutions urgentes à mettre en place
Face à cette crise, des actions concertées au niveau régional et international sont impératives. L’Initiative pour la Transparence des Pêches (FITI), lancée en 2017, cherche à améliorer la gestion de la pêche dans la région en collectant des données précises sur les navires et leurs activités. Des pays comme les Seychelles et la Mauritanie ont commencé à publier des rapports sur les licences de pêche dans leurs eaux, mais de nombreux défis restent à relever pour instaurer des règles strictes et renforcer la surveillance.
L’adoption de technologies modernes de surveillance, comme le suivi par satellite des navires, ainsi que des évaluations continues des stocks halieutiques sont des mesures essentielles pour limiter la surexploitation des ressources marines. Une coopération renforcée entre les pays de la région est indispensable pour protéger la pêche artisanale, véritable pilier des économies locales, et assurer un avenir durable pour les océans.
Une urgence à ne pas ignorer
La situation est critique. La pêche illégale chinoise, alimentée par des pratiques de chalutage de fond, menace non seulement la biodiversité marine, mais aussi les économies locales et la sécurité alimentaire de millions de personnes en Afrique de l’Ouest. Sans des mesures concrètes et renforcées, les générations futures risquent de voir disparaître des ressources halieutiques vitales, compromettant ainsi la survie des communautés dépendantes de la mer.
Par Fleur Kouadio pour Enquête Média