AVISECURE est une société qui exerce dans le domaine aéroportuaire. En effet, ses agents ont pour missions essentielles de sécuriser la plateforme aéroportuaire en procédant à la sécurité et la fiabilité des passagers, des bagages, et de toute personne travaillant dans le secteur. Avec près de 300 employés, AVISECURE fait partie d’une holding internationale canadienne appelée VISUALDEFENSE.
Elle a un contrat depuis l’an 2007 avec l’Etat ivoirien, mais a commencé à exercer véritablement ses activités, depuis l’an 2009. Cette structure avec ses agents, a contribué fortement à la certification internationale de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny.
Bisbilles à AVISECURE !
Tout est parti d’une volonté des travailleurs de créer un syndicat conformément aux textes législatifs en matière de Travail, en Côte d’Ivoire. La raison fondamentale, chercher à obtenir de meilleures conditions de travail. Il faut dire que pour y travailler, il faut avoir le minimum du BAC pour être recruté en CDD avec 100.000 FCFA mensuellement, passer deux ans et être désormais en CDI avec un salaire de 200.000 FCFA. Pour un travail qui devrait être rémunéré au minimum à 400.000 FCFA si l’on essaie de le comparer à ce qui se fait dans la sous-région. Les travailleurs de AVISECURE au grand dam de la Direction créent donc leur syndicat le 12/2/2020. Pour oser discuter. Une fin de non-recevoir leur est opposée vis-à-vis de leurs revendications.
Vitesse supérieure, préavis de grève
Les travailleurs vont projeter une grève en mars 2021. Le ministre des Transports informé, va faire surseoir à cela. Ils rencontreront la Direction générale du Travail, la Direction de l’Inspecteur du Travail… Le mémo dressé -que l’on peut aisément obtenir via les réseaux sociaux- pour justifier cette grève, se résume en ceci : «Il y a 12 ans déjà que AVISECURE a eu le contrat de la sûreté de L’aéroport d’Abidjan. Pendant 12 ans, elle agit en toute impunité. Les responsables vivent dans l’opulence totale, mais les employés sont dans la précarité extrême. L’employeur s’appuie sur un vide, LE MANQUE DE STATUT POUR LES AGENTS DE SURETÉ AÉROPORTUAIRES DE CÔTÉ D’IVOIRE. Cette situation donne libre cours à toutes sortes de dérives:
1) les inégalités salariales ( pour la même spécialité, le même travail, les mêmes risques);
2) absence de profil de carrière ;
3) promotion des liens d’affinité et de parenté;
4) la seule entreprise aéroportuaire qui refuse le paiement des primes aéroportuaires depuis 12 ans ;
5) utilisation des jours de repos des agents pour les formations (sans aucune rémunération, ni transport, ni Pause-café, ni déjeuner) ;
6) le manque d’effectif qui fait peser le travail sur les agents (des agents tombés pendant les vacations pour excès de fatigue) … »
Entre temps, la COVID fait rage
Pendant la COVID, un accord a été trouvé entre la Direction et les travailleurs pour un chômage technique collectif avec le paiement de 40% du salaire des agents. Après cette période les activités reprennent normalement mais la Direction y prenant goût, veut toujours ponctionner. Les employés refusent, mais la Direction applique encore une période de deux mois de chômage technique, de manière rotative. Le ministre des Transports est saisi, et promet régler le problème. En attendant, AVISECURE peut faire la pluie et le bon temps au gré de ses travailleurs ?
Le licenciement
Pendant que le ministre des Transports se tourne les pouces pour régler le problème, le SG et le SGA du Syndicat national des agents de la sûreté aéroportuaire (SYNASACI) sont mis sur le carreau. Dès lors l’objet des revendications se corse avec un autre point, la réintégration sans délai des camarades licenciés. C’est mal connaître la Direction qui durcit le ton.
Une liste, et des bandeaux rouges
Trois mois après le licenciement de leurs camarades, les agents décident de porter des bandeaux rouges sur leur lieu de travail pendant trois jours, du 1er au 4 août 2021. Des discussions avec le commissariat de l’aéroport et le ministère du Transport -qui tarde à régler les problèmes mais apparaît à l’improviste en cas de grabuges pour disparaître aussitôt– font cesser les incidents. L’employeur retors et pour casser ce mouvement d’ensemble dresse une liste depuis le mercredi 4 aout 2021, d’agents qui sont censés avoir accès au travail. Et c’est la Gendarmerie qui a cette liste et est censée faire respecter cela. Quant aux autres, on leur dit d’attendre que leurs noms soient affichés et leur programme connu, pour venir au travail. Près de 100 travailleurs donc membres du syndicat sont concernés. A AVISECURE c’est donc comme à la loterie, il faut prier pour voir son nom apparaître comme par enchantement sur le fameux sésame !
Horaires de travail pénible…
Les travailleurs qui ont eu l’immense joie de voir leurs noms figurer sur la liste remise à la Gendarmerie, auront une joie au goût très âcre. C’est qu’ils doivent souvent dormir au travail, et travailler 24 voire 48 heures d’affilée souvent. Alors que pour être efficace et selon les coutumes de ce métier, un agent ne peut travailler plus de 12 heures de travail ininterrompu.
On licencie en catimini
Puisque les autorités étatiques et l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC) font la sourde oreille, les responsables d’AVISECURE ont désormais la côte : ils peuvent dès lors licencier, impunément. Il est prévu un recrutement imminent de travailleurs, afin de licencier les récalcitrants. On met au chômage technique et on recrute pour pallier le manque de personnel. Si ce n’était pas en Côte d’Ivoire, ça nous étonnerait !
L’épée de Damoclès plane toujours !
La Direction use de plusieurs subterfuges pour casser l’élan des agents, entre autres :
1) la stigmatisation des membres du bureau ;
2) ponction sur les salaires des membres du bureau ;
3) rétrogradation des membres du bureau sans aucune forme de notification ;
4) le harcèlement des membres (on va jusqu’à appeler les parents des syndiqués, pour leur demander de quitte le syndicat) ;
5) retard dans les paiements de salaire (en décembre 2020, rares sont ceux qui ont pu offrir un cadeau à leurs enfants) ;
6) création d’un autre syndicat “syndicat du système”, ayant pour seul objectif de combattre le SYNASA-CI…
Pour faire baisser la tension, l’employeur trouve une astuce qui pour autant ne lui fait pas perdre la face. Tout le monde y compris ceux qui étaient au chômage technique sont rappelés, et aussitôt une partie d’entre eux est mise en congés. C’est que l’entreprise recrutait pendant que les syndicalistes et leurs membres étaient au chômage technique. Encore plus ingénieux, la Direction refuse de donner à chaque agent son programme de telle sorte qu’à la moindre incartade où absence, vous êtes bon pour sortir du cockpit ! Le secrétaire général du syndicat pour avoir osé défier la Direction, a été rétrogradé sans notification et travaille désormais comme simple agent. La Gendarmerie veille toujours au grain, avec sa fameuse liste…. Qui rêvait déjà de travailler à AVISECURE ?
LA REDAC’