De l’Office de la main-d’œuvre de Côte d’Ivoire (Omoci) en 1953, en passant par l’Agence d’étude et de promotion de l’emploi (Agepe) en 1993, pour devenir Agence Emploi Jeunes (AEJ), le 8 avril 2015, la prime a été un enjeu pour les agents. Sidi Tiémoko Touré, alors ministre de la Jeunesse, avait annulé la prime pour des raisons que lui-même n’arrivait pas à expliquer. Conséquence : la grève de 2017. Ensuite, la prime a été rétablie par l’arrêté interministériel N°404 MPJEJ/MEF/MPMBPE du 25 mars 2020.
Touré Mamadou et les acquis sociaux
Le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, Touré Mamadou, au cours d’une grande réunion, le 17/05/2021, avec les structures sous tutelle, au Palais de la culture, a annoncé d’annulation de la prime trimestrielle des agents de l’Agence Emploi Jeunes (AEJ). La prime ne devrait pas être systématiquement octroyée comme la décision le stipule, mais chaque agent devrait être évalué et la prime attribuée au regard de la note. Au nom de quelle disposition ? L’arrêté interministériel n’indique pas d’évaluation comme condition pour payer les primes.
Il répond, le 19 mai 2021, par media interposé et bande ses muscles
« A mon arrivée, dans un souci de normalisation, j’ai recruté les meilleurs profils qui avaient été suspendus à la suite de la grève. J’ai actualisé un arrêté interministériel (Budget, Economie et Ministère de la promotion des jeunes) qui définit les modalités de prime. En présence de tous les agents au cours d’une réunion, j’ai décidé que les agents n’auront plus de prime systématiquement. Nous avons décidé que seuls les agents performants auront la prime. En 2019, j’ai payé la prime systématique parce que l’arrêté venait d’être pris. En 2020, j’ai demandé que tous les agents soient notés et sur cette base la prime a été payée à tous les agents, à la suite de cette évaluation. J’ai précisé que pour 2021, je serai regardant. Je ne peux donc pas payer les primes si les évaluations ne sont pas faites », a expliqué, M. Touré. ( koaci.com 19/05/21) Et d’ajouter : «Le ministre n’est pas agent de l’Agence Emploi Jeunes. Il n’a pas droit à une prime. Les bénéficiaires des primes sont l’administrateur et les petits agents. Tant que les agents ne sont pas évalués, je ne paierai aucune prime. Le décret portant organisation de l’Agence emploi Jeunes est clair et précis sur cette question ».
Et pourtant…
La notation est un principe inscrit dans le statut général de la Fonction publique. Aucun autre mode de notation parallèle n’existe nul part. Qu’à cela ne tienne ! Touré Mamadou estime que les agents ont de « gros salaires avec assez d’avantages » alors qu’ils ne sont pas de grands bosseurs. Pour ce faire, ils doivent être notés. Les agents de l’AEJ sont évalués (depuis mars 2021 par leurs différentes hiérarchies) selon la volonté du petit prince Touré Mamadou, mais, lui, estime qu’ils sont surévalués. En français facile, les notes attribuées aux agents sont au-dessus de leurs valeurs réelles. Il demande une autre évaluation des agents.
Les agents ont perçu leur dernière prime en décembre 2020. Et depuis lors, plus rien ! Toute l’année 2021, pas de primes pour les presque 700 agents de l’AEJ qui font rentrer au moins 2 milliards FCFA, par trimestre, dans les caisses de l’Etat à travers le visa du contrat de travail du personnel non ivoirien institué depuis le 21 avril 1997, conformément à l’arrêté n°4810 de la même date. Or il y a 4 trimestres dans une année, donc plus de 8 milliards l’an !
Le tableau de la répartition des primes de décembre 2020
Aux oreilles de www.enquetemedia.org
Alors qu’aucune prime n’est versée aux agents depuis décembre 2020, selon nos sources : en mars 2020, 80 millions FCFA ; juin 2020, 75 millions FCFA ; septembre, 90 millions FCFA ont été taillés sur la manne des primes pour atterrir dans les poches de certains privilégiés de la cour du Prince.
La dernière trouvaille est que, le ministre envisagerait faire payer la prime de décembre 2021 comme un 13-ème mois de salaire, pour ne pas avoir à payer le rappel des autres trimestres. Ingénieux qu’il soit ! Espérons que ce ne sont que de simples rumeurs qui en Abidjan, finissent toujours par disparaître comme elles sont venues. Nous y reviendrons !
LA REDAC’