Difficile d’éluder la CAN 2023 qui a débuté, le 13 janvier. Pas forcément pour revenir sur la prestation approximative des Éléphants. Mais, pour évoquer les effets collatéraux de cette actualité sur le social. Groggy, désabusée et désemparée, une bonne partie des Ivoiriens se demande ce qui lui arrive.
Après la pilule amère de l’augmentation du coût de l’électricité, on est en train d’enlever le pain de la bouche de cette Côte d’Ivoire d’en bas qui vit au jour le jour. Alors que sous les coups de boutoirs des bulldozers, la face de la capitale économique se transforme, vendeurs à la sauvette, petits commerçants, tenanciers de maquis en bordure de route ne savent plus à quel saint se vouer.
Dépité et impuissant, face au cours des événements, Djè Bi Djè Olivier Vamy, député indépendant, maire de la commune de Zuenoula, (centre-ouest du pays, à environ 326 Km d’Abidjan) relayait sur sa page Facebook, le jeudi 10 janvier les images de l’œuvre de destruction des monstres d’acier à Marcory. Ce texte en appui : « Le marché Djè Konan a été détruit le Jeudi 04 Janvier, quelques jours donc avant la Can. Beaucoup de pères et mères de famille ont perdu leurs sources de revenus, leur gagne- pain. Bon nombre de travailleurs de la commune du Plateau ont perdu l’endroit où ils pouvaient se nourrir à moindre coût. La mairie du Plateau annonce qu’à l’instar de ce lieu, d’autres espaces de restauration seront détruits dans la commune sur décision du Gouverneur du district. ” On ne sent pas la Can !’ » Avant de conclure par ce crève-cœur qui sonne comme une invite à ouvrir le débat public sur ce qu’il se passe : « Mais un peuple démuni, qui ne peut se nourrir et qui voit des factures élevées à l’horizon, pourrait-il avoir pour priorité le football ? Qu’en pensez-vous ? On en parle ! ».
Bien sûr qu’il faut ouvrir le débat en dépit d’un Momentum inopportun. La logique aurait voulu que le linge sale, dans la pure tradition africaine, se lave en famille. Loin des regards indiscrets et des oreilles des délégations étrangères. Cependant, les circonstances font que la palabre ne saurait être différée.
Les opérations de déguerpissement en cours et dont l’objectif, on l’aura tous compris, vise à présenter à nos hôtes le meilleur visage qui soit, soulève une question de fond : à qui est-ce que devrait profiter cette CAN en Côte d’Ivoire ? N’est-ce pas d’abord et avant tout aux Ivoiriens qui y ont fondé de grands espoirs : espérant en tirer les dividendes ?
Histoire d’engranger un peu de moût, se faire une petite santé financière pour affronter dignement les diverses taxes et hausses des prix contenues dans l’annexe fiscale 2024.
Entrepreneurs, petits commerçants, acteurs de l’industrie événementielle, ils ont naïvement crû que cette CAN de l’hospitalité serait également celle des opportunités.
L’Avent de la grand-messe du football a suscité des grincements de dents.
Recevant les vœux des membres du gouvernement, à l’occasion du premier conseil des ministres de l’année 2024, le président de la République avait invité l’ensemble de ses concitoyens à faire de cet événement, un succès éclatant pour notre pays. Le message transmis par le stade à moitié plein au cours du match d’ouverture est sans équivoque. Les priorités ne sont pas pour tous les mêmes !
Dans un contexte marqué par la cherté de la vie, l’effervescence observée ne saurait occulter le fait que lorsque gronde le tonnerre, chacun attrape sa tête.
Surtout que de Messie, il n’y en a plus.
Qu’il semble loin, cette époque où le fringant président du comité interministériel en 1989, le premier ministre de Félix Houphouët-Boigny en 1990, fraichement débarqué de Dakar sortait de sa botte secrète des solutions idoines et pertinentes adaptées au contexte qui prévalait. Des solutions assorties de mesures d’accompagnement qui avaient permis à notre pays de tenir le choc du désastre causé par des programmes d’ajustement structurel (PAS).
Jouant les prolongations, après le rendez-vous manqué de son message à la nation, le 31 décembre 2023, le chef de l’Etat qui s’est enfin prononcé sur la hausse de l’électricité a laissé entendre ; « l’augmentation du prix de l’électricité était malheureusement une nécessité pour maintenir la quantité et la qualité de l’électricité produite dans notre pays. »
Un aveu duquel on pourrait déduire que sur cette problématique, la magie n’opère plus. ADO solutions, reste désespérément sans solutions.
LA REDACTION