Djibrosso est une petite commune située au Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire, dans le département de Kani, région du Worodougou (du district du Woroba). Et là-bas, attention à quiconque osera contredire la toute puissante Mairesse Salimata Diomandé ! Un jeune ressortissant de ladite commune, cyber activiste de son état, a osé se frotter à elle. Il s’est étalé entre autres commentaires sur les réseaux sociaux, en affirmant qu’elle n’est pas mariée et collecte les conquêtes masculines. Eh bien, il l’a appris à ses dépens …
Le début des embrouilles
Ce cyber activiste serait bien connu dans cette contrée. Après s’être attaqué à la première magistrate de cette commune, il reçoit une convocation du 16ème arrondissement de Police de Yopougon, sacommune de résidence, le vendredi 10 juin 2022, par personne interposée – pour y répondre le 13 juin- aux environs de 13 heures.
La convocation lui a été remise par un certain Mamadou. Et comment a-t-il procédé ? Il s’est fait passer au téléphone pour un client qui voulait acheter l’une des chaussures qu’il vend parce qu’il exerce comme maroquinier. L’objectif inavoué de cet appel, savoir où il se trouvait ce jour, aux alentours de 19 heures. Mamadou et deux autres personnes font le « guet »devant la concession du parent qu’il est allé visiter avant de rentrer chez lui à la fin de sa journée de labeurs, le temps de le cueillir.
Mission accomplie : Happé manu militari, séquestré et torturé
Le cyber activiste connu sous le pseudonyme de Zoulou, sera interpellé par les trois éléments de faction devant la concession de son parent, et conduit à bord d’un véhicule 4x4 double cabine, vers une destination inconnue, à Angré, sous-quartier de la commune de Cocody. Bien entendu, en ayant préalablement averti leur commanditaire qu’ils partaient rejoindre en ces termes : « mission accomplie ». Au départ, n’ayant pas décliné son identité, ce n’est qu’après avoir appréhendé Zoulou que Mamadou et ses sbires affirment être des agents des FDS et précisément, du Centre de commandement des décisions opérationnelles (CCDO). Dans ce quartier général de circonstance tenu secret et séance tenante, Zoulou sera copieusement tabassé et dépouillé de ses téléphones, ses pièces d’identité et de tout son argent. Le commanditaire Ziguehi (pseudonyme qu’il a en tant que militaire bien connu dans l’armée et originaire de Djibrosso) présent sur les lieux du pugilat, ira jusqu’à l’obliger à déverrouiller ses téléphones pour qu’il prenne connaissance de ses mails et messages qu’il enverra soigneusement à l’« instigateur » de ce rapt qui n’est autre que le mandataire de la plainte et de l’opération : la Mairesse de Djibrosso.
L’opération terminée, Ziguehile conduit à son domicile dans les environs, où il sera menotté et torturé. Tout simplement pour l’emmener à donner le nom de son mentor à l’origine des diatribes contre madame la Mairesse. Mais « tout vient de ma propre initiative », clame toujours Zoulou.
Zoulou contre Ziguehi
Le forfait commis, Ziguehi se sentant dans de beaux draps après des coups de fils intempestifs qui l’alertent sur la dimension de sa bévue, conduit le lendemain de bonne heure, le téméraire cyber–activiste chez son parrain politique, un adversaire de madame le maire. Et les téléphones sont remis au 16–ème arrondissement à des agents de Police qui s’en désengagent et lui demandent de les restituer manu militari à leur propriétaire. Ce qu’il n’osera pas faire. Harcelé de toutes parts sur les conséquences politiques et professionnelles incalculables et insondables de son zèle, Ziguehi a pris l’ampleur du danger.
Zoulou et ses parents décident de porter plainte pour enlèvement, séquestration, torture et vol. Tout ça pour Ziguehi seul ?! Et dès lors, ce sont des médiations à n’en point finir entre les parents et alliés des deux parties, résidants entre Djibrosso et Abidjan. Aux dernières nouvelles, la situation s’est davantage crispée et le retour à la normale n’est pas pour demain.
Et que devient Zoulou ?
Il se remet difficilement de sa mésaventure et ne semble pas avoir retenu les leçons de cette bastonnade. La preuve, il envoie un message poignant à ses bourreaux : « le maire avant d’être à ce poste, appliquait les mêmes méthodes contre son prédécesseur qui est mon parrain politique. Je continuerai tant qu’elle sera maire et je ne m’arrêterai as en si bon chemin. D’ailleurs pendant les campagnes municipales dernières, mon parrain politique avait aussi été traité d’homme à femmes qui n’était pas marié, sur les mêmes réseaux sociaux. Je lui porte la contradiction sur les réseaux sociaux, parce que je suis avec un autre leader ». Tout ce tableau dépeint assez bien le climat des municipales futures à Djibrosso. « Politique n’est pas palabre ». N’est-ce pas ce que disait un panneau de sensibilisation de la Commission électorale indépendante (CEI) à l’approche des élections ? Et d’ailleurs, madame le maire n’est-elle assez belle pour avoir une flopée de prétendants. Où est donc, lecrime de lèse –maire ?
LA RÉDAC