Le procès de Charles Kougnon, propriétaire de la chaîne de salons de coiffure et d’esthétique Klass C, a eu lieu le 27 novembre 2024. Cet événement judiciaire marque une étape importante dans l’affaire qui oppose l’entrepreneur ivoirien à l’État à travers l’Agence Emploi Jeunes, qui avait accordé un financement de 790 millions FCFA pour la création de son entreprise.
Retour sur les origines du projet
Le 15 janvier 2019, Kougnon Mailly Charles, ex-agent de la maison de télécommunications Orange, ancien employé d’une multinationale au Canada , en partenariat avec Mamadou Touré, avait présenté avec fierté un projet de création d’une chaîne de salons de coiffure et d’esthétique dénommée Klass C. Ce projet s’inscrivait dans le cadre de la politique d’insertion socioprofessionnelle des jeunes, mise en place par le gouvernement ivoirien, à travers l’Agence Emploi Jeunes. L’objectif affiché était de créer des opportunités d’emploi pour les jeunes dans les secteurs de la coiffure et de l’esthétique, un domaine d’activité en pleine expansion en Côte d’Ivoire.
Ainsi, grâce au financement de l’Agence Emploi Jeunes, Charles Kougnon avait réussi à ouvrir 17 salons dans le district d’Abidjan, destinés à accueillir des centaines de jeunes travailleurs. Le prêt de 700 millions de FCFA, soit plus d’un million d’euros, avait été sollicité pour soutenir cette initiative. Ce soutien de l’État avait pour but non seulement de stimuler l’économie locale, mais aussi de promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes à travers des projets à fort potentiel de création d’emplois.
Le détournement des fonds et L’enquête
Cependant, l’enthousiasme initial a rapidement été terni par des accusations de mauvaise gestion et de détournement de fonds. Après plusieurs années d’activité, l’Agence Emploi Jeunes a constaté des anomalies dans la gestion financière des salons Klass C. Selon les enquêtes menées, une partie des fonds alloués n’aurait pas été utilisée comme prévu, ce qui a conduit à une situation de faillite partielle et à un dysfonctionnement des structures de gestion des salons.
L’État, à travers l’Agence Emploi Jeunes, a alors engagé une procédure judiciaire contre Charles Kougnon et sa société. L’accusation a été sévère : « gestion opaque, détournement de fonds publics, non-remboursement des sommes empruntées et absence de preuves de la bonne utilisation des fonds dans le cadre du projet de développement économique »
Le Procès : Une condamnation exemplaire
Le procès, qui s’est tenu le 27 novembre 2024, a été l’occasion de mettre en lumière les irrégularités financières entourant le projet Klass C. Le parquet a requis une peine de 7 ans de prison ferme contre Charles Kougnon pour mauvaise gestion des fonds publics et 2 milliards de FCFA d’amende solidaire avec sa société, une somme colossale qui témoigne de la gravité des faits reprochés.
En outre, un protocole d’accord a été signé, cédant les salons de coiffure à l’Agence Emploi Jeunes pour gestion et remboursement de la dette accumulée. Cette décision vise à protéger les emplois des jeunes salariés travaillant dans ces salons et à garantir la restitution des fonds prêtés par l’État.
Conséquences et perspectives
Cette condamnation a des répercussions importantes, tant pour Charles Kougnon que pour les jeunes qui avaient trouvé un emploi dans ses salons. D’un côté, elle souligne la responsabilité des entrepreneurs dans la gestion des ressources publiques qui leur sont confiées, et de l’autre, elle met en lumière les enjeux de transparence et de contrôle dans l’accompagnement des projets financés par l’État. Pour l’Agence Emploi Jeunes, cette affaire constitue un tournant dans ses pratiques de suivi et de contrôle des projets qu’elle finance. L’incident pourrait entraîner une révision des procédures internes et un renforcement des mécanismes de contrôle afin d’éviter de tels dérapages à l’avenir. Quant à la chaîne de salons Klass C, bien que son avenir reste incertain, l’objectif de l’État est de maintenir les emplois et de redresser la situation. La gestion de ces salons par l’Agence Emploi Jeunes pourrait permettre, à terme, une restructuration du projet et une meilleure utilisation des fonds publics.
LA REDAC’