30 octobre 2024. Une étape cruciale dans la lutte contre le terrorisme a été franchie avec une rencontre entre le ministre de la Défense ivoirien, Téné Birahima Ouattara, et le Général de Brigade libérien, Géraldine Janet George.
Les deux pays, confrontés à la montée de l’extrémisme armé dans la région, ont convenu de renforcer leur coopération sécuritaire pour protéger leurs frontières communes. Une initiative qui marque le début d’une alliance proactive pour endiguer l’impact croissant des groupes djihadistes.
Un front uni face à l’expansion des groupes djihadistes
Depuis 2020, la Côte d’Ivoire a subi plusieurs attaques terroristes dans son nord, notamment à Kafolo et Téhini, orchestrées par des factions liées à Al-Qaïda et à l’État Islamique au Grand Sahara. Le Libéria, avec ses frontières moins sécurisées, a également vu la nécessité de réagir. Ainsi, pour contrer l’infiltration de ces menaces, les deux pays ont mis en place des mesures concrètes, notamment une opération commune dénommée “Bouclier Frontalier”, lancée en septembre 2024, qui a permis d’interpeller plusieurs suspects liés à des réseaux djihadistes dans les zones de Taï et Grand Gedeh.
Plan d’action renforcé : vers une collaboration durable
La réunion du 30 octobre 2024 a débouché sur un vaste plan d’action pour les mois à venir. À partir de janvier 2025, un centre de coordination transfrontalier sera établi à Danané, en Côte d’Ivoire et servira de plateforme pour le partage d’informations stratégiques et le déploiement rapide des forces sécuritaires en cas d’urgences. En outre, des sessions de formation inter-forces débuteront en décembre à l’Académie militaire de Zambakro, afin de préparer les unités d’élite ivoiriennes et libériennes aux techniques de lutte anti-terroriste, renforçant ainsi les capacités de réponse aux attaques.
Développer les zones frontalières : la clé de la prévention
Les deux personnalités se sont accordées également sur l’importance de l’amélioration des conditions de vie dans les zones frontalières, souvent laissées pour compte et vulnérables au recrutement djihadiste. Dès le début de l’année prochaine, le programme “Ponts pour la Paix” sera lancé, visant à bâtir des infrastructures essentielles, telles que routes sécurisées, postes de santé, et écoles. En collaboration avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), un projet de formation professionnelle pour les jeunes des régions frontalières sera également instauré, leur offrant des alternatives viables face à la radicalisation.
Un enjeu sécuritaire majeur pour la Région
Cette alliance stratégique représente un tournant pour la sécurité en Afrique de l’Ouest. Néanmoins, les défis logistiques demeurent considérables, notamment le contrôle d’étendues frontalières souvent dépourvues de moyens de surveillance adéquats. En réponse à cette nécessité, des drones de surveillance seront déployés dès le deuxième trimestre de 2025, permettant une vigilance continue face à toute activité suspecte.
La menace grandissante du terrorisme en Afrique de l’Ouest appelle non seulement à une réponse immédiate, mais aussi à une coopération régionale renforcée. La Côte d’Ivoire et le Libéria espèrent mettre en place un véritable rempart contre l’extrémisme, tout en incitant d’autres pays voisins à rejoindre cette initiative commune pour un avenir sécurisé.
Fleur Kouadio (Cap’Ivoire Info en partenariat avec EnqueteMedia)