Suite aux différentes déclarations du PCRCI à la presse accusant la FESCI d’être l’auteur du crime et des agressions contre le parti communiste, Kuyo Serges, secrétaire général de la FESCI a fait en substance la déclaration suivante à la BBC le 25 juin 2004 : « La FESCI ne se reconnaît pas dans l’assassinat de Abib Dodo. Les Renseignements Généraux dès le mois de mars nous ont informé des relations de ce dernier avec la rébellion. Une deuxième fois il été convoqué par les Renseignements Généraux en présence d’un certain Guéi Paul militant FESCI, afin que celui-ci, connu comme son « parrain » le ramène à la raison. Dès lors, nous l’avons exclu de notre organisation. En fait, il s’agit de la bataille entre les clans de la rébellion qui s’est transportée à Abidjan à l’intérieur de l’AGEECI. Nous n’avons aucune raison de nous attaquer au PCRCI et à l’AGEECI ». A déclaré le SG de la FESCI.
Pour se défendre, le SG de la FESCI s’est évertué à se répandre dans la presse. (Conférence de presse le samedi 3 juillet 2004 et interview dans les journaux) . Ses arguments développés dans la conférence de presse qu’il a tenue le samedi 3 juillet 2004 (Notre Voie du lundi 5 juillet 2004), se résument comme suit :
-La FESCI n’a aucune raison de s’en prendre à un petit parti aussi insignifiant que le PCRCI que la population ne connaît pas et que les étudiants ne connaissent pas.
-La FESCI n’a aucune raison de s’en prendre à Habib Dodo alors que le SG du PCRCI présent sur les lieux a été épargné.
-La FESCI n’a aucune raison de s’en prendre à une organisation non encore créée alors qu’il existe bien d’autres organisations en milieu scolaire et estudiantin et qui ne sont pas inquiétées.
A qui profite le crime pour déterminer le criminel ?
Pour Kuyo Serges, la guerre entre les clans rebelles s’est transportée à Abidjan. Abib serait ‘’un pion de IB’’ Ibrahima Coulibaly qui serait en train de ravir la direction de la nouvelle organisation, l’AGEECI, au détriment de Gnelbin Innocent un « pion de Soro Guillaume ». Nous sommes en 2004. Selon Kuyo Serges, les preuves sont les suivantes : les Renseignements Généraux lui auraient signalé les relations d’Habib avec la rébellion depuis le mois de mars 2004 ; la réaction immédiate de Doumbia Major « pion de IB » pour condamner cet assassinat, dévoile, toujours, selon Kuyo Serges, le lien entre Abib et ce clan pro IB. Gnelbin Innocent, secrétaire général de l’AGEECI au moment des faits, serait un élément de Soro qui aurait pour mission de créer une organisation d’étudiants proches du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire) qui a déclenché une rébellion le 19 septembre 2002 contre le pouvoir de Gbagbo Laurent. La preuve serait le laissez-passer que le MPCI a délivré à Gnelbin. Gnelbin Innocent est alors pour Kuyo Serges, l’assassin de Habib.
Kuyo Serges… menace!
Dans une interview au quotidien « L’intelligent d’Abidjan » N° 304 du mardi 7 septembre 2004, Kuyo Serges menace de mort Gnelbin Innocent en ces termes : « Nous n’allons pas laisser des rebelles nous infiltrer pour semer des troubles à l’université. Nous connaissons très bien Gnelbin Innocent dont les journaux pro rebelles parlent…Le jour où il viendra au campus, il répondra de ses actes. Si c’est cela que les gens appellent ne pas être démocrates, nous sommes prêts à l’assumer ».
Brèves analyses des réactions de la FESCI
Kuyo Serges nous apprend que :
*La FESCI ne peut pas viser le PCRCI dans la mesure où lors de l’enlèvement d’Habib, le SG qui l’hébergeait et qui était présent sur les lieux a été épargné ;
*En milieu estudiantin , les ‘’éléments dangereux’’ pour la république comme Habib Dodo sont identifiés et confiés par les RG à la FESCI au lieu d’être arrêtés et jugés par les autorités de police et de la justice ;
*Abib Dodo est un rebelle tué par d’autres rebelles dans la guerre entre clans rivaux;
*Monsieur Kuyo Serges connaît le criminel d’Habib en la personne de Gnelbin Innocent Secrétaire Général de l’AGEECI ;
* Il mettra à mort Gnelbin Innocent le SG de l’AGEECI, si celui-ci met le pied sur le campus, au motif qu’il est un ‘’rebelle’’.
Concernant un des arguments selon lesquels la FESCI visait le PCRCI, il dit ceci : « ce qui est aberrant, est que M. EKISSI soutient que le leader de la jeunesse de son parti a été enlevé en sa présence. Si donc c’est le PCRCI en tant que parti politique qui était visé, pourquoi lui premier responsable de ce parti a-t-il été épargné par les présumés fescistes ?». Curieuse interrogation dont la réponse ne peut être fournie que par Serge Kuyo.
Abib Dodo, secrétaire général de la jeunesse du PCRCI est enlevé et assassiné ; Kouadio Kouadio Richard est grièvement blessé par les éléments FESCI de Port Bouet II ; et Serge Kuyo voudrait un drame supplémentaire avant que le PCRCI ne se déclare visé.
Que d’interrogations!
Les ‘’rebelles ‘’ habitent-ils à la cité de Port Bouet II où Kouadio Richard a été torturé et laissé pour mort ? Une réunion de la FESCI s’est-elle oui ou non tenue à Williamsville ; oui ou non, Zoko Stéphane a-t-il été pris et torturé pour lui soutirer des informations sur les activités d’Abib Dodo ? Oui ou non, une expédition a –t-elle été organisée en conclusion de cette réunion, pour enlever et tuer Abib Dodo ? Esso secrétaire général FESCI de Port Bouet II, était-il un rebelle ? Semi Bi Guillaume, secrétaire à l’organisation de la FESCI, était-il un rebelle ?
Par ailleurs, Kuyo Serges fait savoir que Abib Dodo était dans le collimateur des Renseignements Généraux. Est-ce la cause de l’assassinat du jeune leader communiste ? Kuyo Serges veut-il insinuer qu’il suffit qu’un individu, en l’occurrence un leader de la FESCI, porte une accusation contre un autre d’avoir des accointances avec la rébellion pour que ce dernier soit exécuté sans autre forme de procès ? Après la mort d’Abib, il confirmait à travers des déclarations dans les journaux qu’il etait prêt à tuer tous ses adversaires politiques ou syndicaux qu’il taxait de ‘’rebelles’’ pour les besoins de la cause. N’est-ce pas l’aveu de l’acte criminel sur la personne d’Abib Dodo qu’il considérait comme fondateur de l’AGEECI qualifiée par lui d’organisation rebelle ?
Ces crimes parmi tant d’autres sont sans aucun doute des crimes politiques dans un contexte de la guerre en Côte d’Ivoire où des personnes, organisées en milices politiques, se chargent de juger et tuer d’autres personnes.
PS: Cet article a été écrit pour l’histoire: « Justice pour Dodo Abib et toutes les victimes ! »
LA REDACTION