Une réunion pour traquer la ”rebellion”. Dans la matinée du mercredi 23 juin 2004, la FESCI tient une assemblée générale à Williamsville, réunion au cours de laquelle les dirigeants FESCI de Bouaké dont M’Bra Léon, secrétaire général section sciences économiques Bouaké, le secrétaire général de la section Cité Jules Vernes Bouaké, sont accusés par le Bureau national dirigé par Kuyo Serges, d’aider les communistes à créer une organisation concurrente. Ceux-ci nient leurs implications et se mettent à la disposition de la FESCI pour traquer « les dissidents ». Un militant de la jeunesse du PCRCI, Zoko Stéphane, membre de la direction de la FESCI section Droit, présent à cette rencontre est pris à partie, embarqué au campus, soumis à un interrogatoire musclé. Il est battu et relâché après qu’il ait décliné toute responsabilité dans la création de l’Association générale des eleves et étudiants de Côte d’Ivoire (AGEECI), la nouvelle organisation d’élèves et étudiants. A cette rencontre, la décision fut prise d’en “finir” avec Abib Dodo et les dirigeants de la jeunesse communiste.
Opération d’enlèvement organisée par la FESCI
Pour enlever Abib Dodo, les militants FESCI furent convoyés par taxis à Yopougon, par vagues successives. Un militant FESCI, Abdon de la section Sciences économiques, a été dépêché très tôt à Yopougon pour la surveillance de la cible à attaquer, notamment le domicile du Secrétaire Général du PCRCI où résidait Abib Dodo. Parmi les « assaillants », il y avait M’bra Koffi, Secrétaire Général de la section Sciences Economiques Bouaké, Richmond Beugré secrétaire à l’organisation de la section Droit Bouaké, Kamagaté Youssouf, Secrétaire Général à l’information du Bureau Exécutif National de la FESCI, Miango Hypolithe, 2ème Secrétaire à l’Organisation du Bureau Exécutif National de la FESCI.
Ainsi, le 23 juin 2004, aux environs de 14 heures 30 minutes, le Secrétaire Général du PCRCI, Ekissi Achy, reçut un coup de fil de Guéhi Priscas, un militant du parti, l’informant qu’un groupe de militants de la FESCI est en partance pour son domicile. Le Secrétaire Général du PCRCI comprit qu’il y avait danger. Pour vérifier l’information reçue, le ce dernier sortit de la maison.
Pour que vive la FESCI!
A la sortie du couloir menant à la rue, il aperçut une horde de jeunes, l’air menaçant, certains en lunettes fumées, se diriger effectivement vers son domicile. Il leur a demandé ce qu’ils voulaient. Sans répondre à sa question, ils lui lancent au visage : « qui êtes-vous ? ». Après avoir décliné son identité, ils lui ont demandé menaçant, où est Habib ? Avant même qu’il ne donne une réponse, ils l’ont poussé à l’intérieur de la cour en même temps qu’ils y pénétraient. Un groupe de plus d’une vingtaine personnes le bloque près de sa camionnette, prennent de force son portable, déchirent sa chemise, s’emparent de son portefeuille. Certains voulaient l’agresser et l’emporter, d’autres s’y opposaient. Il y eut des altercations entre eux. « On s’en fout de ton titre de secrétaire général, nous allons faire ce pourquoi nous sommes venus », lancèrent-ils.
A cet instant, l’un deux ordonna de fouiller la maison et de tout casser. Tout fut brisé (vitres de camionnette, vitres de fenêtres, Tv, machines informatiques, WC, placards, portes, etc.…). Après une trentaine de minutes environ, tout fut cassé et le calme revint. Plus aucun bruit de casse. Constat : Absence de Abib. Selon les témoins de la scène, il a été grièvement blessé et emporté par les « assaillants ». Certains vêtus de tee-shirt FESCI, criaient « FESCI vivra !»
Un bilan funeste
Du domicile d’un voisin où il avait trouvé refuge, le Secrétaire Général téléphona à la police du 16ème arrondissement situé à 2 km environ de son domicile. Le poste de police répondit que la police était informée et que des policiers étaient en route. Après quinze minutes d’attente, ne les voyant pas venir, il se rendit au commissariat. Il fut conduit chez l’officier chargé des plaintes qui se trouvait être absent ; il se rendit alors au ministère de la sécurité. Là, il fut reçu par le chef de cabinet qui, par communication téléphonique, chargea l’Adjoint au préfet de Police de s’occuper de cette affaire. Ce dernier informa le commissaire du district de Yopougon. Quand le Secrétaire Général rentrait chez lui à 17 heures, le commissaire du District était sur les lieux pour constater les faits.
En plus des casses, les assaillants ont volé des bijoux, quelques habits, deux postes radio, un appareil photo, de l’argent en espèce évalué à 1 600 000 F CFA environ ; ils ont emporté les pièces d’identité du Secrétaire Général ; enfin ils ont enlevé Abib Dodo, secrétaire général de la jeunesse communiste de Côte d’Ivoire pour une destination inconnue.
Les agresseurs avaient fait la reconnaissance des lieux une à deux heures avant. Certains, armés de pistolet, attendaient dans le bar « Kotibé » situé à 50 mètres de la maison. Les serveurs pris de peur, rangèrent leur caisse croyant avoir affaire à des braqueurs. D’autres avaient encerclé la maison. Les tabliers installés dans le quartier furent sommés de fermer boutique.
Le corps de Dodo Abib bon pour les charognards
Une fois les casses et vols opérés et Abib enlevé, la horde arrêta des taxis et mini-bus, vida les passagers et obligea les chauffeurs à les conduire là où les tueurs devaient torturer et exécuter Abib Dodo.
Des rumeurs de son assassinat parvinrent au SG du PRCI dès le jeudi 24 juin 2004, au matin. Son corps en putréfaction avancée fut découvert dans les environs du campus, dans un sac de charbon, un tuyau plastic au coup, par le commissariat du 8ème arrondissement, le vendredi 2 juillet 2004. Sa dépouille fut transférée par les soins du commissariat du 8ème, à la morgue du CHU de Treichville. Entre temps la plainte fut transférée du 16ème Arrondissement de Yopougon, à la Police Judiciaire au plateau. Abib Dodo fut enterré le 18 juillet 2004 à Williams-Ville après une autopsie commandée par la PJ mais payée par le PCRCI.
Énième forfait: Agression contre Kouadio Richard
Le jeudi 24 juin 2004 aux environs de 20 heures, un coup de fil anonyme informe que Kouadio Richard, étudiant en Géographie à l’Université de Bouaké, militant du PCRCI, aurait été pris par des éléments FESCI, battu et laissé pour mort entre le 43ème BIMA et le carrefour de l’aéroport de Port-Bouet. Se rendant sur le lieu indiqué, les membres du PRCI découvrent Kouadio Richard apparemment sans vie. Avec l’aide de militaires du 43ème BIMA, il est transporté par les sapeurs-pompiers à l’hôpital de Treichville. Il fut déplacé de cet hôpital et emmené dans une clinique privée pour le mettre plus en sécurité.
Après avoir retrouvé ses esprits, le “miraculé” va expliquer ce qui lui est arrivé. Son principal témoin Bouadi Martin a permis d’avoir des éléments précis sur cette agression barbare. Selon les dires de Richard et de Bouadi Martin, le mercredi 23 juin 2004, les éléments de la FESCI ont obligé Bouadi Martin, étudiant en Histoire Géographie à l’université d’Abidjan, membre de la FESCI, résidant à la cité Port Bouet II, nouvellement recruté au Parti communiste par Kouadio Richard, à donner un rendez-vous à ce dernier au carrefour de Koumassi. Tombé dans ce traquenard, Kouadio Richard est conduit manu militari, le 23 juin 2004, aux environs de 19 heures par 6 personnes à la cité universitaire de Port-Bouët II, où il fut soumis à un interrogatoire musclé avant d’être sauvagement battu, torturé et assommé. Bouadi Martin dit également avoir été battu puis relâché. Un membre du bureau national connu sous le pseudonyme de Makounzoé et son garde de corps Consty ont été recherchés en vain pour parrainer la séance d’interrogation et de tortures.
Aussi, c’est sous la direction de Esso, Secrétaire général de la section Port-Bouët II, entouré des membres de son bureau que la séance a eu lieu, devant une foule de militants FESCI. A cette séance d’interrogations, les questions suivantes ont été posées à Kouadio Richard : « Quels sont les rapports entre lui et Habib Dodo ? Quels sont les rapports entre le PCRCI et l’AGEECI ? Quels sont les rapports entre la rébellion et le PCRCI ? ». En outre, ils ont indiqué à Bouadi Martin qu’il a adhéré à une organisation qui travaille pour les rebelles. La preuve brandie est un laissez-passer qui aurait été délivré par Soro Guillaume, chef de la rébellion, aux responsables de l’AGEECI pour organiser leur structure dans les zones sous contrôle des Forces Nouvelles.
LA REDACTION
A lire dans la 3-ème partie :
-Les réactions des responsables de la FESCI….