5 novembre 2024. Une réunion d’urgence a secoué la Maison des Pharmaciens à Abidjan. Les pharmaciens actionnaires de TEDIS PHARMA CI, le grossiste pharmaceutique à la tête d’un chiffre d’affaires de plus de 60 milliards de FCFA, se sont mobilisés pour défendre leurs intérêts face aux pratiques controversées de l’actionnaire majoritaire, la société française TEDIS SA. Cette dernière, dirigée par Mme Séverine Edgard-Rosa, serait en train de jouer avec la réglementation pour éviter de se conformer à une injonction de l’Autorité Ivoirienne de la Régulation Pharmaceutique (AIRP), lui ordonnant de céder 36 % de ses parts aux pharmaciens ivoiriens.
L’objectif de cette réunion : dénoncer les subterfuges utilisés par TEDIS SA pour contourner la mise en conformité de la répartition du capital, et empêcher une nouvelle Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) visant une augmentation de capital qui risquerait de maintenir la société sous la domination d’un actionnaire français.
Un conflit majeur autour de la répartition du capital
Rappelons que l’AIRP exige que les pharmaciens ivoiriens, actuellement propriétaires de 14,5 % du capital de TEDIS PHARMA CI, détiennent la majorité du capital, conformément à la législation locale. Mais TEDIS SA semble vouloir empêcher cette réorganisation en convoquant une nouvelle AGE, dans laquelle elle prévoit d’augmenter le capital par l’incorporation de créances, ce qui lui permettrait de conserver sa position dominante avec 78 % des parts.
Un tel projet a provoqué l’indignation des pharmaciens ivoiriens, qui considèrent cette manœuvre comme une “forfaiture” et un mépris flagrant des décisions des autorités ivoiriennes. “C’est une tentative de maintenir un contrôle illégitime, une action qui va à l’encontre de la réglementation du pays”, a déclaré un membre du collectif des pharmaciens minoritaires.
Le collectif des pharmaciens actionnaires prêts à aller en justice
Face à cette situation, les pharmaciens actionnaires minoritaires ont décidé de ne pas se laisser faire. Ils ont annoncé qu’ils déposeront une nouvelle assignation en référé devant le tribunal du commerce pour obtenir l’annulation, voire la suspension de cette AGE, qu’ils jugent illégale et contraire à la loi. “Nous exigeons que la répartition du capital respecte la loi, et que TEDIS SA cesse ses pratiques douteuses qui visent à conserver une majorité qui ne lui revient pas”, ont-ils martelé.
En parallèle, un comité ad’hoc pourrait être mis en place sous la supervision de l’AIRP pour garantir une mise en conformité du capital, tout en préservant les intérêts des pharmaciens ivoiriens, sans qu’ils ne soient lésés dans cette affaire.
Une affaire emblématique de la lutte pour la régulation et l’équité
Cette bataille s’inscrit dans un contexte où TEDIS SA, déjà épinglée par la justice au Burkina Faso et au Mali pour des pratiques similaires, semble ne pas vouloir céder. Les pharmaciens ivoiriens espèrent qu’ils se conformeront aux décisions judiciaires et aux exigences des autorités ivoiriennes, pour éviter un nouvel affrontement judiciaire et permettre à la société de croître dans le respect des règles locales.
Le Dr Jean Olivier Taqui, pharmacien ivoirien et fondateur de TEDIS PHARMA CI, reste une figure centrale de cette lutte, porté par son désir de voir les pharmaciens ivoiriens prendre le contrôle de l’entreprise qu’ils ont créée.
La guerre des actionnaires est lancée, et les pharmaciens ivoiriens ne comptent pas se laisser faire face à ce qu’ils considèrent comme un abus de pouvoir par un actionnaire étranger.
LA REDAC’